Entre bonne nouvelle et incertitudes, gardons la tête froide
Article paru dans le Journal de l'USAM le 07.04.2025Enfin une bonne nouvelle pour nos PME. Elle vient de la Berne fédérale. En effet le Conseil fédéral a décidé d’abaisser les taux d’intérêt des crédits COVID. Depuis le 1er avril, les crédits jusqu’à 500 000 francs sont soumis à un taux de 0,25 %, et ceux supérieur à 500 000 francs à 0,75 %. Cette modification tient compte de la diminution du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS). C’est ce m’avait promis le gouvernement en réponse à ma question écrite. J’ai eu raison de faire pression.
Cinq ans après la pandémie, la question des prêts covid n’est pas encore réglée. La Confédération a versé17 milliards aux entreprises pour les aider à affronter les difficultés financières liées à la pandémie. Aujourd’hui, près de 30% du volume des crédits accordés n’ont toujours pas été remboursés. Or les prêts doivent être entièrement amortis d’ici à 2030.
Cette situation délicate fragilise les PME, déjà malmenées par les crises successives. Elles sont nombreuses, notamment dans les secteurs de la restauration et du commerce, à avoir puisé dans leurs réserves pour surmonter la pandémie et pour faire face ensuite à la hausse des loyers, à la facture énergétique ainsi qu’à la progression des charges.
Certes un prêt doit d’être remboursé. Mais les conditions peuvent être adaptées en fonction de l’évolution économique. Les taux d’intérêts ont été rehaussés à plusieurs reprises. Ces augmentations ont été motivées par la remontée du taux directeur de la BNS à 1,5%. Or en 2024, ce taux a été ramené à 0,5% et aujourd’hui il se monte à 0,25%.
La première diminution avait suscité de vives réactions politiques. Mais le Conseil fédéral avait tenu bon. Il jugeait que les taux étaient supportables. Aujourd’hui, il est d’accord de prendre en considération la réduction du taux directeur de la BNS. Il aurait pu être plus rapide. Car il n’est pas acceptable que des entreprises s’endettent pour rembourser les prêts contractés.
Si un allègement des prêts COVID apporte une bouffée d’oxygène à nos PME, d’autres nuages planent sur nos entreprises. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump bouscule les certitudes, piétine les règles, brise les partenariats. Notre pays n’est pas épargné par la politique tonitruante du président américain.
Donald Trump a placé la Suisse sur une liste de pays aux méthodes commerciales déloyales. De sa part, c’est la meilleure ! Quant aux restrictions liées à l’exportation de puces destinées à l’IA, instaurées par par le gouvernement de Joe Biden, elles rendent plus difficile l’accès aux semiconducteurs pour nos entreprises.
S’y ajoutent les conséquences indirectes de la guerre commerciale : une majoration des tarifs douaniers sur les importations en provenance de l’Union européenne (UE) plongerait l’économie des pays voisins, donc les entreprises helvétiques, dans la crise. Et nos PME seraient inévitablement touchées.
La Suisse a des atouts à faire valoir : elle est le sixième pays en termes d’investissements étrangers aux USA. Nos entreprises ont créé près d’un demi-million d’emplois sur place. Nous devons donc négocier rapidement avec l’administration américaine. Un signal positif consisterait à ce que le Conseil national soutienne la motion du PLR qui demande au Conseil fédéral d’entamer des discussions exploratoires, en vue de conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis.
Comme si cela ne suffisait pas, les jeunes socialistes veulent introduire un impôt sur les successions au niveau fédéral. Une exigence qui pousserait les entreprises familiales au démantèlement ou à la vente après le décès du propriétaire. Or ces dernières représentent 80% des entreprises suisses et constituent l’épine dorsale de notre économie.
Cette initiative menace nos entreprises familiales, freinerait l’innovation, mettrait en péril des emplois et entraînerait une baisse des recettes fiscales. Nous devons donc nous mobiliser pour balayer cette initiative dangereuse, qui génère déjà une profonde insécurité de par son effet rétroactif et nuit à notre prospérité.
Dans cet environnement instable, nous devons garder la tête froide. Et soutenir plus que jamais nos PME.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale