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La violence n’est pas une fatalité

Article paru dans Le Matin Dimanche le 07.09.2025

La violence s’insinue partout. Plus de 60 conflits ont été recensés sur notre planète sans que l’on voie d’issue. Les scènes de guerre à Gaza ou en Ukraine sont entrées dans notre quotidien. Les crises économiques, le réchauffement climatique et la brutalité des réseaux sociaux enveniment encore la situation.

La Suisse a l’immense chance de ne pas connaître la guerre. Pourtant, elle est aussi confrontée à une forte hausse de la violence. Que ce soit dans la rue ou à l’intérieur des foyers. Elle est loin l’époque où l’on pouvait sortir sans fermer à clé la porte de sa maison ou de sa voiture. Les infractions au Code pénal ont progressé l’année dernière de 8 % par rapport à 2023, dépassant la barre des 563 000. Ce n’est pas banal.

Tout aussi préoccupante la montée de la violence domestique : 23 femmes ont été tuées chez nous depuis le début de l’année sous les coups de leur mari ou de leur compagnon. C’est intolérable. Cette violence déshumanise encore un peu plus notre société.

La violence n’est pas une fatalité. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour combattre toute forme de violence, quelle qu’elle soit. Des solutions sont d’ailleurs sur la table du Conseil fédéral. En particulier dans le cas de la violence domestique qui doit devenir une priorité nationale.

Qu’attend le Conseil fédéral pour agir ? Pourquoi n’a-t-il toujours pas concrétisé la surveillance électronique active 24h/24, à l’image du modèle espagnol qui a fait ses preuves. Des études en Suisse aussi prouvent que le système est efficient. Qu’attend le Conseil fédéral pour mettre en service le numéro d’urgence dédié aux victimes de violences domestiques ? Aussi indispensable qu’urgent.

Qu’attend le Conseil fédéral pour élaborer un projet à l’initiative parlementaire « Qui frappe, part » que j’ai déposé en 2021déjà avec ma collègue Verte Eléonore Porchet ? Elle vise à visant à améliorer la protection des victimes en expulsant le mari ou le compagnon du domicile conjugal et à développer le suivi des auteurs, afin de limiter la récidive. Notre proposition a reçu un large soutien du Parlement. Quatre ans plus tard, toujours pas de loi à l’horizon.

Pourquoi le Conseil fédéral refuse-t-il d’inscrire le contrôle coercitif dans le Code pénal et le Code civil comme le réclament les spécialistes. La violence domestique ne se résume pas à des atteintes physiques mais elle commence souvent par des pressions psychologiques ou par du harcèlement moral.

Ce manque de réactivité de la part du Conseil fédéral est incompréhensible et extrêmement frustrant. Nous devons avancer alors que nous stagnons. Il faut donc maintenir la pression. Je vais demander au gouvernement qu’il s’explique sur ces retards.

D’autres violences, toutes aussi graves, gangrènent notre pays. Les braquages des bancomats et des armureries se multiplient. Le crime organisé, la délinquance économique et la cybercriminalité progressent. Dans ce contexte d’insécurité, nous avons besoin d’une police efficace. A tous ceux qui prétendent que tout le monde déteste la police ou qu’elle tue, je rappelle que, sans elle, c’est la loi du plus fort et le règne de l’anarchie.

Certes les comportements de certains policiers de la police lausannoise sont inacceptables. Les dérives doivent être sanctionnées. Par contre, il n’est pas juste de jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une profession. Si la police doit être irréprochable, elle doit être respectée, revalorisée et renforcée.

Nos forces policières doivent disposer de moyens suffisants pour accomplir leurs missions. Dans cette perspective, je soutiens les requêtes de la commission de politique de sécurité qui exige une augmentation progressive des effectifs de la police fédérale.

La violence engendre la violence. Nous devons la combattre. La prévenir. Par des réformes, par l’application rigoureuse des lois existantes, par une meilleure collaboration entre les différents acteurs, en allouant enfin les ressources nécessaires.

Les moulins helvétiques moulent lentement. Mais parfois la lenteur devient elle-même criminelle.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale