Des cyberpatrouilleurs pour prévenir des dangers du numérique
Article paru dans 24 Heures le 19.09.2024Des miliciens pour prévenir et protéger la population contre la cybercriminalité. Des cyberpatrouilleurs qui vont sur le terrain au contact de la population dans leur quotidien, que ce soit au travail, à l’école, dans les transports ou lors de manifestations culturelles ou sportives, pour la rendre attentive aux nombreux dangers du cyber espace. Une piste intéressante dans un pays où la milice est érigée en valeur cardinale. Même la France s’est dotée récemment de 1500 « gardiens du numérique ». Pourquoi ne pas nous en inspirer en Suisse ?
L’évolution du numérique est exponentielle. Et elle incontournable. Les données sont en effet au coeur de notre société, de notre quotidien. Mais le monde numérique a aussi sa face sombre : incivilités, abus, voire crimes. Internet et les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés comme un vecteur et un amplificateur pour des actions de propagande et des manipulations de toute sorte. Or seuls 15% des incidents sont annoncés, laissant un vaste terrain de jeu aux criminels et aux abuseurs.
Une projection en Suisse et à l’étranger montre qu’avant la fin de la décennie, les conséquences des cyberrisques risquent de prendre une dimension intolérable, non seulement pour l’économie et l’État mais aussi pour les citoyens. Or nos systèmes informatiques ne sont pas prêts à affronter une telle situation. Notre capacité de réaction est trop faible, trop lente. Et les campagnes en ligne ont leurs limites. Nous restons très vulnérables.
Certes l’Office fédéral de la cybersécurité jouit d’une haute réputation mais ses moyens demeurent modestes, D’où l’idée de mettre en place des cyberpatrouilleurs. Des ambassadeurs qui auraient pour objectif de sensibiliser, de mettre en garde et de responsabiliser la population face aux multiples cyber risques. Remettre le citoyen au centre de la sécurité.
Je vais donc proposer au Conseil fédéral de prendre des mesures dans ce sens. Pourquoi ne pas commencer par un projet pilote, qui pourrait s’inspirer du concept de CyberPatrouilleurs imaginé par la fondation digiVolution. Une approche de partenariat public-privé pourrait être envisagée. Le but serait d’élargir l’offre d’aide et d’assistance à la population, en fédérant les acteurs concernés, en uniformisant les pratiques et en créant des synergies.
Parallèlement, je vais demander la création d’une hotline ou d’une plate-forme de conseils au niveau de la Confédération. Une instance spécialisée, au service des victimes d’abus. Une sorte de 117 pour le cyberespace.
Notre réponse doit être à la hauteur des défis du monde numérique. Miser sur un engagement collectif, comme le permettrait les cyber patrouilleurs est une proposition qui mérite d’être étudiée. Montrons nous pro-actifs et constructifs tout en restant pragmatiques. Nous avons tous à gagner d’un cyberespace mieux sécurisé.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale