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Il faut transformer la crise des 39% en opportunité

Article paru dans 24 Heures le 04.09.2025

Donald Trump a mis le feu à notre économie. Avec les 39% de droits de douane, le locataire de la Maison Blanche a provoqué une onde de choc au sein de nos entreprises. Une décision incompréhensible et injustifiée qui s’apparente à des méthodes « mafieuses ». S’il n’est pas question de s’agenouiller devant Washington ou de céder à des représailles, il va falloir trouver la bonne riposte. Transformer cette crise en une opportunité.

La rentrée du Parlement sera incontestablement marquée par les taxes douanières. Une mesure qui met en danger notre prospérité et notre compétitivité. Des dizaines de milliers d’emplois sont en jeu. Cette situation est encore aggravée par la cherté du franc. Et nos finances publiques sont à la peine.

L’heure n’est ni à l’autoflagellation, ni à la recherche d’un responsable. C’est le moment d’aller de l’avant, de se poser les bonnes questions, même celles qui fâchent. Comme nous l’avons fait pendant le COVID. C’est-à-dire se remettre en cause. Fixer des priorités. Faire des choix. Prendre nos responsabilités.

Le Parlement doit être uni derrière le Conseil fédéral, tout en donnant par ses décisions, les impulsions nécessaires. La Suisse doit d’abord continuer de négocier avec le gouvernement Trump. Elle a des atouts tant sur plan économique que diplomatique. Et nous avons des décennies de collaboration avec les Américains.

Notre pays doit ensuite diversifier sa politique de libre-échange avec l’Inde et le Mercosur, réactualiser les accords passés avec la Chine. Il est aussi indispensable de consolider nos relations avec l’Union européenne. Ces nouveaux marchés contribueront à maintenir des postes de travail. Notre économie a toujours été tournée vers l’extérieur.

Enfin au niveau national, nous devons alléger le fardeau des entreprises en améliorant les conditions cadres : pas de nouvelles réglementations ou taxes. Réexaminer l’impôt de l’OCDE de 15% qui pénalise notre économie.  Prolonger le chômage partiel. Ce qui renforcera notre attractivité.

Avec les 39%, revient la question du besoin d’instaurer une politique industrielle. Un sujet tabou mais qui mérite d’être discuté. Il ne s’agit pas de mettre en place une stratégie interventionniste ou de garder sous perfusion des entreprises qui ne sont pas viables. Mais d’avoir des instruments qui permettront de préserver les secteurs industriels stratégiques et d’appuyer l’innovation en favorisant le lien entre l’économie et les milieux académiques.

Cet automne, d’autres dossiers explosifs attendent les parlementaires, comme les F-35A, le financement de l’AVS, la fiscalité et la politique énergétique. Si nous voulons sauvegarder notre modèle économique et le pouvoir d’achat de la population, il faudra faire preuve d’audace et de détermination. Trouver des équilibres dans l’intérêt général.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale