Le GSsA se trompe une fois encore de combat
Article paru dans le Blick le mardi 23.07.2024Genève ne perdra pas son rôle de négociatrice et de pacificatrice en accueillant le Bureau de liaison auprès des organisations internationales. N’en déplaise au Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et autres voix critiques. Cette plate-forme de l’Alliance atlantique a pour vocation de promouvoir le dialogue. L’esprit d’universalisme et de multilatéralisme de la ville du bout du lac ne sont donc pas en danger. Ils se retrouvent même renforcés. Cette venue est une véritable plus-value.
Le GSsA nous a habitués à polémiquer sur les enjeux de notre politique sécuritaire. Ne se bat-t-il pas pour une Suisse sans armée alors que la guerre fait rage en Ukraine et au Moyen-Orient. Ou encore contre les exercices des avions de combat sur l’autoroute. Aujourd’hui, il fait un procès d’intention au Conseil fédéral, en particulier à notre ministre de la défense, Viola Amherd.
Le Groupe pour une Suisse sans armée accuse notre gouvernement de vouloir trahir notre politique de neutralité en acceptant que l’OTAN ouvre un bureau de liaison à Genève. Il voit dans cette décision, une manoeuvre déguisée pour faciliter l’adhésion de notre pays à l’Alliance transatlantique. C’est non seulement risible mais aussi inquiétant.
Il n’y a en effet ni machination ni conspiration. Pas de calcul politique non plus. La mission de la Suisse se limite uniquement à celle d’un Etat hôte. Comme elle le fait pour les autres organisations internationales qui ont leur siège dans notre pays.
De son côté, l’OTAN affirme qu’elle veut approfondir ses relations avec l’ONU et les 750 ONG présentes dans la ville du bout du lac. Avoir un accès à la riche expertise de la Genève internationale. Quoi de plus sensé ! L’Alliance dispose déjà de plusieurs bureaux de liaison, par exemple à New York et à Vienne. Le bureau de Genève suit la même logique.
Le feu vert du Conseil fédéral ne cache donc pas une adhésion à l’OTAN. Le Parlement y est fermement opposé. Et, il n’est pas question non plus d’abandonner notre neutralité. Nous y sommes tous attachés.
Toutefois voyons la réalité en face. Dans un monde fracturé comme nous le connaissons, une politique de sécurité responsable passe par davantage de collaboration. C’est une priorité absolue. Or n’oublions pas que l’Alliance atlantique favorise à la fois la coopération internationale, la promotion de la paix et de la sécurité. Le bureau de liaison de Genève est l’illustration parfaite de cette dynamique.
Car contrairement à ce que prétend le GSsA, la loi du plus fort est de retour. La Suisse se trouve au cœur d’une confrontation internationale, dont les conséquences et les implications sont encore imprévisibles. Face à ces tensions croissantes, ne cherchons pas des querelles inutiles à l’OTAN. Ne lui fermons pas des portes.
C’est d’ailleurs dans ce même climat de controverse, que s’inscrit une motion du camp rose vert et de l’UDC, soutenue par le GSsA, qui veut interdire les exercices militaires en commun avec l’OTAN. Au National, je me suis battue contre ce texte. Car j’estime qu’une collaboration avec l’Alliance représente une opportunité stratégique pour la Suisse de se positionner dans le paysage de la sécurité et de la défense globales et permet aussi de développer sa propre capacité de résilience et d’innovation. Le Conseil des Etats aura l’occasion de se prononcer prochainement sur ce projet.
Le GSsA se trompe une nouvelle fois de combat. Toutes les démarches visant à privilégier la coopération, la paix, ont toute leur place dans la Genève internationale, gardienne des Conventions de Genève et siège du CICR.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR//VD