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Mettre la population au centre de la cybersécurité

Article paru dans 24 Heures le 21 juin 2024

Qui pourrait encore se passer du cyberespace ? Plus grand monde. Il est devenu indispensable dans notre vie quotidienne. Que ce soit pour faire des courses sur Internet (eCommerce), effectuer des transactions financières (eFinance), exercer des droits et devoirs civils (eGovernment), rester en contact ou encore planifier des vacances. Ce nouvel outil de communication n’est cependant pas sans risques. Aussi la population se sent de plus en plus démunie face à ces menaces.

La cybercriminalité s’accroît exponentiellement. Les tentatives d’escroquerie virtuelles, les rançongiciels ou hameçonnages se multiplient. Avec l’apparition de l’intelligence artificielle, le phénomène a explosé. Un chiffre illustre la gravité de la situation : les cyberincidents impliquant des dommages augmentent chez nous en moyenne de 30% par an. Le danger qui était encore ponctuel il y a quelques temps, est devenu omniprésent.

Face à ce constat, la Suisse n’est pas restée pas les bras croisés. Le Conseil fédéral a transformé le Centre national pour la cybersécurité (NCSC) en un Office fédéral à part entière et a même créé un Secrétariat d’Etat pour contrer la désinformation et les cyberattaques. Et une troisième cyberstratégie nationale a aussi été mise en œuvre.

Toutefois, la plupart des mesures se concentrent sur l’économie, les infrastructures critiques, les autorités et les universités. La population, elle, n’est pas suffisamment ciblée par ces efforts. A qui doit-elle s’adresser en cas d’attaque ? Comment doit-elle réagir ? Peu de personnes le savent. La stratégie nationale de cybersécurité (NCS) désigne pourtant la population comme un groupe cible. Les polices cantonales apportent bien du soutien. Mais c’est insuffisant.

Remettre la population au centre de la cybersécurité est donc une priorité. D’autres pays l’ont fait. La Suisse pourrait notamment s’inspirer de modèles existants. Ainsi la France a mis en place la Commission nationale de l’informatique et des libertés. Cette autorité administrative a reçu l’année dernière 16’000 plaintes. Ce qui prouve qu’elle répond à un besoin réel.

Il convient donc d’élargir l’aide et l’assistance au niveau fédéral, soit donner davantage de moyens à la population pour qu’elle soit moins exposé. La session passée, j’ai proposé au Conseil fédéral de créer une hotline ou une plate-forme de conseils au niveau de la Confédération. Une instance spécialisée, au service des victimes. Je lui ai aussi demandé comment il entend épauler nos concitoyens pour mieux gérer les cyberrisques et pour utiliser en toute sécurité les services et les produits numériques.

Résister aux cyberattaques, protéger à la fois les institutions, les infrastructures, l’économie et la population n’est plus une option mais une nécessité. Au niveau mondial, les cyberattaques coûtent 40 fois plus cher que les catastrophes naturelles.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale