Ne pas prendre le chemin de certaines banlieues françaises
Article paru dans le Matin Dimanche le 09.03.2025Nos rues, certains quartiers vont-ils se transformer en zones de non droit ? La question n’est pas anodine. Le Valais vient de démanteler un puissant réseau de drogue. Preuve que la Suisse n’est plus à l’abri de la violence des organisations criminelles. Les méthodes qui font rage dans des quartiers de Marseille ou de Grenoble arrivent chez nous. Une évolution préoccupante.
Comme ces bandes s’organisent dans la plus grande discrétion, on en parle peu. Des réseaux criminels internationaux en provenance de France, d’Italie, de Belgique, des Pays-Bas, d’Europe de l’Est, des Balkans, de Turquie ou encore d’Afrique utilisent notre territoire comme terrain d’opérations ou de zone de repli. La Suisse est attirante en raison de sa stabilité et son système économique.
Sous les radars, les criminels s’adonnent au trafic de stupéfiants et d’armes ainsi qu’à la traite d’êtres humains. On les remarque quand ils cherchent du financement, en faisant sauter des bancomats ou des entreprises horlogères à l’explosif. Au-dessus d’un des bancomats attaqués dormaient deux enfants. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il y ait des victimes.
De nombreux citoyens se sentent de moins en moins en sécurité dans l’espace public : les actes d’incivilité, d’agressivité voire de brutalité se multiplient dans nos rues, les gares, les trains. Et Lausanne veut désarmer sa police ! Elle se trompe d’adversaire.
Dans l’espace privé, la spirale de la violence domestique continue elle aussi de progresser de manière inquiétante. Huit décès depuis le début de l’année. Ce fléau touche de nombreuses femmes mais aussi des hommes et beaucoup d’enfants.
Sans oublier les nouveaux risques comme la cybercriminalité qui s’est immiscée dans notre quotidien. Les cyberattaques progressent en moyenne de 30% par an. Elles touchent nos citoyens, nos entreprises et nos institutions. Les dégâts sont énormes.
Quant à la désinformation, elle est le poison de ce XXIème siècle. Les « fake news », les théories du complot foisonnent, notamment sur les réseaux sociaux. Ces tactiques cherchent à saper la confiance des citoyens à l’égard de notre démocratie, de nos valeurs. Elles déstabilisent en semant le doute et la méfiance et peuvent conduire à des réactions extrêmes, voire des violences.
La Suisse a longtemps cru être à l’abri de ces menaces. Nous avons eu tort de les sous-estimer. La première tâche d’un Etat de droit est de protéger ses citoyens. Nous devons donc rapidement prendre les mesures qui s’imposent. D‘autant plus que des solutions existent.
Notre réponse n’est certainement pas le désarmement de nos policiers. Au contraire. Nous devons donner à nos forces de l’ordre, y compris Fedpol et les services de renseignement, les moyens et les effectifs nécessaires à l’accomplissement de leur mission. Les soutenir plutôt que les traîner devant les tribunaux quand ils doivent parfois intervenir de manière musclée.
Pour mieux combattre le crime organisé, nous devons renforcer nos bases légales. J’ai proposé au Conseil fédéral des mesures concrètes pour lutter efficacement contre le pillage de nos bancomats. Le gouvernement estime que la législation actuelle est suffisante ? La répétition et les excès de ces actes de violence lui donne tort. Je ne vais donc rien lâcher.
Nous devons aussi élaborer des stratégies de prévention et de sensibilisation contre la cybercriminalité et la désinformation. Mettre en œuvre des instruments qui permettent à nos jeunes de se prémunir contre la radicalisation en ligne. Sur le plan de la violence domestique, reprendre le dispositif que j’ai introduit dans le canton de Vaud : « qui frappe, part ! ». Mieux entourer les victimes et s’occuper aussi des auteurs pour éviter le cercle vicieux des récidives.
Notre sécurité doit redevenir notre priorité. Car en cette période de crises et d’incertitudes, la population a besoin de confiance et de stabilité.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale