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Un référendum au goût de bouchon

Article paru dans le Matin Dimanche le 01.09.2024

Ne réveillons pas la guerre des transports. Le rail et la route vivent en harmonie depuis plusieurs années. Grâce à un compromis politique entre tous les acteurs concernés, la mobilité bénéficie d’une trêve fructueuse pour notre sécurité et notre prospérité. Cette belle entente est pourtant mise en danger par le référendum des activistes anti-voitures, qui combattent l’élargissement de six autoroutes, dont celle entre Nyon et le Vengeron, décidée par le Conseil fédéral et le Parlement. Une opposition dogmatique qui va à l’encontre de nos besoins.

En 2014, le peuple a accepté (62%) d’assurer l’avenir du rail grâce à un fonds permanent, le FAIF.  Trois ans plus tard en 2017, les Suisses ont également approuvé à 62% la création d’un Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération, (FORTA). Ces deux instruments permettent ainsi à la route et au rail de se développer et de rester performants. Ce serait irresponsable de faire voler en éclat, ce précieux consensus, concrétisé après trente ans de négociations et d’efforts.

Nous avons tout à perdre d’une nouvelle guerre sur le front de la mobilité. Tant le réseau routier que le réseau ferroviaire sont indispensables et doivent être adaptés à nos besoins. Vouloir opposer la voiture au train est une grave erreur. Une concentration sur un seul mode de transport n’est ni réaliste ni utile. Cette vision appartient au passé. L’intérêt général veut que nous recherchions des solutions durables en misant sur la complémentarité.

Il y a aujourd’hui urgence à moderniser notre réseau routier. Vieux de plus de soixante ans, il est dépassé et complétement paralysé. La situation va encore s’aggraver et les embouteillages s’accentuer.  L’A1 en est l’illustration. Elle a été conçue pour accueillir un trafic quotidien de 20’000 véhicules, alors qu’actuellement elle en supporte près de 100’000 !

Mais l’A1 n’est pas la seule autoroute à causer des migraines aux automobilistes. En 2023, la durée des bouchons a atteint 48’807 heures. Une augmentation record de 22,4% par rapport à l’année précédente alors que le trafic n’a progressé que de 1,5%.  Près de 87% des goulets d’étranglement sont dus à une surcharge de trafic. Sans parler des accidents.

Ces bouchons à répétition coûtent très cher à l’économie et à la sociétén en général. 50’000 heures d’attente équivalent à 1,2 milliards de coûts. Le personnel et les livraisons sont bloqués sur les routes. Les délais ne sont pas respectés. Ce qui pénalise la productivité de nos entreprises et entraîne des répercussions sur les prix et le pouvoir d’achat.

Le Conseil fédéral et le Parlement proposent donc d’élargir six tronçons d’autoroute dont la création de la troisième voie entre Nyon et Le Vengeron. Ces extensions s’élèvent à 5,3 milliards. Bonne nouvelle : le financement est déjà garanti ! Il est prélevé sur le fonds FORTA et non pas par les finances générales de la Confédération. Il n’impliquera donc aucune charge supplémentaire pour les contribuables.

Ces projets ne sont pas des « aspirateurs » à voitures comme le prétendent les opposants. L’objectif est au contraire de ramener le trafic automobile sur l’autoroute et de le canaliser. Mettre un terme au trafic d’évitement qui empoisonnent nos villages et nos villes. Ceux-ci n’auront plus à supporter les pollutions sonores et atmosphériques mais aussi les risques considérables pour la sécurité. Ils s’en porteront mieux.

La mobilité est un droit. La mobilité crée des liens, jette des ponts. Entre la population, entre les générations, entre la ville et la campagne. Aussi c’est avec la même détermination que nous devons défendre la nouvelle ligne ferroviaire entre Lausanne et Genève. Nous démontrerons ainsi que l’intégration de la route et du rail dans le territoire est coordonnée.

Le 24 novembre prochain, je refuserai donc le référendum des activistes anti-voitures qui a un sérieux goût de bouchon.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR