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Combattre les abus pour mieux protéger ceux qui en ont besoin

Article paru dans 24 heures le 18.12.2023

L’irruption menaçante d’un requérant d’asile dans une école primaire de Cortaillod a marqué les esprits. Elle a mis en évidence les failles de notre politique migratoire. Notre système se fissure. Il devient urgent de durcir les règles, dans le respect de notre tradition humanitaire.

La situation sur le front de l’asile est explosive. Les demandes continuent d’affluer. Berne s’attend à quelques 30’000 requêtes cette année alors que les renvois peinent à être mis en oeuvre. Un nombre croissant de requérants proviennent en effet de pays comme la Turquie, le Maroc, l’Algérie ou l’Erythrée qui ne donnent en principe pas droit à l’asile. Conséquence, notre système est engorgé par une migration économique.

A cet engorgement s’ajoutent les incivilités et la petite délinquance, dus à une minorité de requérants. Un contexte qui engendre un climat d’intolérance et d’incompréhension dans plusieurs régions du pays comme je l’ai constaté à Chiasso. D’où la nécessité d’appliquer les lois de manière rigoureuse. Instaurer la tolérance zéro pour les requérants qui commettent des délits. Il faut les renvoyer systématiquement.

Si les efforts entre les cantons doivent être mieux répartis, il est surtout capital d’accélérer les procédures. 80% du tri des demandes d’asile se fait dans les six mois. C’est beaucoup troplong. Il faut davantage de policiers pour exécuter les expulsions et plus de douaniers pour surveiller nos frontières.

J’ai dès lors demandé au Conseil fédéral de constituer une task force afin de consolider la coopération entre les autorités et les milieux concernés ainsi que d’assurer le suivi des mesures prises et de les adapter à nos besoins. J’ai aussi réclamé que le gouvernement fasse un état des lieux. Requête que le gouvernement vient d’accepter.

Une politique d’asile efficace passe aussi par une meilleure coopération internationale La Suisse bénéficie du système Schengen-Dublin. Elle doit en conséquence intervenir rapidement à Bruxelles pour activer l’accord Schengen-Dublin afin que l’Italie et l’Algérie respectent leurs engagements.

En effet depuis décembre 2022, notre voisin d’outre-Gothard, l’Italie, refuse de reprendre les réfugiés, en violation de l’accord de Dublin. Quant à l’Algérie, elle ne coopère plus à la réadmission de ses ressortissants dans le cadre de renvois forcés, bien qu’elle ait conclu un accord. Une disposition du Code de Schengen nous permettrait de prendre des sanctions contre les autorités d’Alger.

Une autre piste, testée par d’autres Etats, consisterait à renvoyer les requérants érythréens déboutés dans un pays tiers contre une indemnisation financière. Il y a donc des solutions réalistes pour pallier aux dysfonctionnements de notre politique d’asile

Si nous voulons rester fidèle à nos valeurs humanitaires, nous devons combattre les abus pour pouvoir continuer à accueillir ceux qui ont droit à notre protection.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale