Endiguer la migration illégale pour pouvoir continuer à respecter notre tradition humanitaire
Article paru dans le Temps le 11.10.2024Notre politique d’asile n’est plus adaptée aux défis du monde globalisé du XXIème siècle. Sa conception, qui remonte à la fin de la 2ème Guerre mondiale, n’est pas apte à faire face aux nouveaux flux migratoires. La grande majorité des demandeurs qui arrivent chez nous, sont des réfugiés économiques. Or les cantons et les communes sont dépassés par le nombre de requérants illégaux, dont certains commettent des incivilités ou des délits. Et la grogne de la population monte.
Ces requérants illégaux discréditent notre politique d’asile et pénalisent tous ceux qui ont un besoin réel d’aide et de protection au sens de la Convention de Genève sur les réfugiés. D’où la nécessité d’agir. Si aucune mesure n’est prise pour endiguer l’immigration illégale, l’acceptation de notre politique d’asile par la population risque de s’éroder sérieusement.
Il est urgent de freiner la migration illégale, A l’image de nos voisins, la Suisse doit développer une véritable stratégie dans ce domaine sensible. Un premier pas a été fait dans ce sens. Le Conseil national a approuvé ma motion exigeant la création d’une task force. Son objectif est de soutenir davantage les cantons, de gérer les défis et de mettre en oeuvre des mesures pour prévenir les crises et juguler les dysfonctionnements.
La Suisse peut faire encore mieux. Le PLR a présenté toute une série de propositions : il réclame notamment de renforcer les contrôles ciblés aux points névralgiques de la frontière. Restreindre le regroupement familial aux réfugiés reconnus, qui peuvent subvenir eux-mêmes aux besoins de leur famille. Placer les demandeurs récidivistes dans un centre destiné aux personnes récalcitrantes. Renvoyer immédiatement les requérants dont la requête a été rejetés ainsi que les requérants délinquants. Si les pays d’origine refusent de reprendre ceux-ci, il faut alors suspendre l’aide au développement à ces États.
Et surtout. nous devons combler les lacunes en cas d’abus, en particulier la migration pour des raisons de santé. Des ressortissants provenant de pays qui ne donnent pas droit à l’asile viennent chez nous se faire soigner aux frais de la collectivité pour des traitements souvent onéreux, sans débourser un centime. Car les requérants sont assurés dès le premier jour.
C’est ce qui s’est passé avec des Géorgiens qui ont fait la une de l’actualité : ils ont déposé une demande d’asile alors qu’ils savaient d’avance qu’ils n’avaient aucune chance. Ils ont tiré profit de la période d’évaluation de leur requête pour requérir des soins médicaux s’élevant parfois à des sommes exorbitantes. Puis, ils sont retournés dans leur pays.
De nombreux Maghrébins profitent eux aussi que leur statut soit à l’examen pour obtenir des traitements dentaires, voire orthodontiques. J’ai donc demandé au Conseil fédéral d’enrayer ce tourisme médical en limitant le remboursement des soins médicaux aux soins d’urgence pour les requérants en situation irrégulière.
Ces exigences justifiées visent à appliquer nos lois de manière conséquente et à rendre ainsi la Suisse moins attractive. Il n’est pas question de se retirer du système Schengen-Dublin. Ce serait irresponsable car avec ses nombreuses frontières, notre pays deviendrait un hotspot de l’immigration illégale vers l’Europe. Dans ce contexte, la Confédération est cependant invitée à s’adapter au durcissement des règles de l’Union européenne dans l’interception des migrants illégaux.
La Suisse s’est construite avec les étrangers. Les libéraux radicaux ne l’oublient pas. Voilà pourquoi, ils veulent une politique migratoire ferme mais juste dans le respect de notre tradition humanitaire. Une politique qui combat fermement les abus et la migration illégale sans pour autant fermer nos frontières.
Le parti libéral radical n’est le valet de personne. Il ne se laisse pas influencer par les extrêmes. Qu’il soit de droite ou de gauche. Il refuse la gesticulation politique et les discours dogmatiques. Il préfère proposer des solutions. Ses propres solutions. C’est ce qu’il fait dans le domaine de l’asile. Cette problématique sera au cœur des discussions de son prochain congrès au Tessin.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLRVD