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Le modèle vaudois pour empêcher les féminicides

Article paru dans 24 Heures, le 16.12.2021

Une femme est tuée toutes les deux semaines dans notre pays. La Suisse dénombre déjà 25 meurtres de femmes depuis le début de l’année. Et ces chiffres ne sont que la partie la plus visible des violences subies par les femmes. Ils ne disent rien de toutes celles qui, par peur ou par honte, se taisent. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sous prétexte que c’est une affaire privée. Il s’agit au contraire d’un

Problème de santé et de sécurité publiques qui nous concerne tous.

 

Les violences faites aux femmes sont en pleine expansion. Et la pandémie n’a pas arrangé les choses. Quelque 42% des femmes interrogées sont concernées par des violences subies au sein du couple. Chez les hommes sondés, ce taux atteint 24%. Quelle soit physique, sexuelle ou psychologique, la violence domestique frappe toutes les couches sociales et toutes les générations.

 

Les choses doivent changer. La législation évoluer. Avec son adhésion à la Convention d’Istanbul en 2018, la Suisse est tenue de mettre en place des solutions qui permettent aux femmes – mais aussi aux hommes et aux enfants – d’échapper à cette violence d’autant plus redoutable qu’elle est cachée et inavouable.

 

Berne a fait un premier pas. Depuis le début de l’année prochaine, les auteurs de violence domestique et de harcèlement pourront être munis d’un bracelet électronique pour les tenir éloignés de leur victime. Le canton de Vaud a inscrit cette possibilité dans sa loi cadre pionnière en 2017 déjà. Mais nous pouvons aller plus loin : la Confédération devrait s’inspirer du modèle vaudois.

 

C’est l’objectif de l’initiative parlementaire que j’ai déposée avec ma collègue Léonore Porchet. La loi vaudoise contre la violence domestique repose sur deux principes : « qui frappe part » et une meilleure prise en charge non seulement de la victime mais aussi de l’auteur. Le but est de briser le cercle vicieux des récidives. Ce dispositif s’est avéré efficace, puisque le nombre des décisions d’éloignement des auteurs a été multiplié par dix.

 

Avec notre initiative parlementaire, nous voulons inscrire ce principe dans le Code civil afin que tous les cantons prononcent l’expulsion immédiate de l’auteur du logement commun. Ce qui mettra fin à la double peine des victimes qui ont été violentées et qui doivent en plus quitter leur foyer, souvent avec les enfants, alors que l’auteur reste à la maison.

 

Il faut aussi renforcer la prévention. Informer peut sauver des vies. C’est dans ce sens que des femmes de droite et de gauche au Parlement fédéral ont uni leurs forces pour demander au Conseil fédéral, par le biais d’une motion, de mener régulièrement des campagnes de sensibilisation contre la violence, qu’elle soit domestique, sexuelle ou sexiste. La Confédération mène régulièrement campagne pour réduire les accidents de la route ou la propagation du SIDA. Faisons-en de même contre la violence.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR