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Prévenir la violence peut sauver des vies

Article paru dans le Confédéré, le 20.02.2022

Informer peut sauver des vies. Plus la population est sensibilisée aux violences, qu’elles soient domestiques, sexuelles ou autres, qu’elle touche les adultes ou les enfants, moins il y aura de drames. Le canton du Valais l’a bien compris puisqu’il vient de lancer un plan ambitieux pour lutter contre les discriminations à l’égard d’un groupe particulièrement exposé : les LGBTQI+. L’une des mesures est une campagne cantonale de prévention.

 

Les violences sont en pleine expansion. Prenons l’exemple des femmes :  une femme est tuée toutes les deux semaines par un proche. La Suisse dénombrait 25 meurtres de femmes en 2021. D’après une étude réalisée en 2019, 22 % des 4 495 femmes interrogées ont déclaré avoir déjà subi des actes sexuels non désirés. 12 % affirment avoir été violées. Si l’on extrapole ces chiffres à l’ensemble de la Suisse, ce sont respectivement quelque 800 000 et 430 000 femmes qui sont touchées.

 

Ces statistiques ne sont que la partie la plus visible des violences subies. Ils ne disent rien de toutes les victimes, qui, par peur ou par honte, se taisent. La violence domestique, soit la forme la plus sournoise, celle qui sévit entre les murs d’un foyer censé protéger, touche aussi des hommes et de nombreux enfants. Quelle soit physique, sexuelle ou psychologique, la violence conjugale frappe toutes les couches sociales et toutes les générations. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ce fléau. Les choses doivent changer.

 

Face à cette situation, j’ai déposé au National lors de la session d’hiver une motion, soutenue par des élus de droite comme de gauche. Le texte demande au Conseil fédéral de mener régulièrement des campagnes nationales de prévention contre des violences domestiques, sexuelles et fondées sur le genre.

 

Ces campagnes couvriront les différentes formes de violences et s’adresseront à des publics cibles ainsi qu’aux potentiels auteurs. La Suisse respectera ainsi les engagements internationaux qu’elle a pris en ratifiant la   Convention du Conseil de l’Europe et la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

 

Ces campagnes associeront les organisations et services spécialisés, les cantons et les communes afin d’unir leurs efforts. Il est en effet important d’informer à grande échelle et de manière ciblée les victimes potentielles, leurs proches ainsi que les auteurs en puissance sur les causes de la violence, sur leurs droits, sur les possibilités de soutien et de protection qui leur sont offertes. La Confédération mène déjà avec succès des campagnes pour réduire les accidents de la route ou la propagation du SIDA.  Pourquoi pas contre la violence ?

 

Informer c’est bien. Mais il faut aussi sanctionner les auteurs. C’est l’objectif de l’initiative parlementaire que j’ai déposée l’année passée. La loi vaudoise contre la violence domestique que j’ai fait adoptée en tant que conseillère d’Etat par le Grand Conseil en 2017 repose sur deux principes : « qui frappe part » et une meilleure prise en charge non seulement de la victime mais aussi de l’auteur. Le but est de briser le cercle vicieux des récidives. Ce dispositif s’est avéré efficace, puisque le nombre des décisions d’éloignement des auteurs a été multiplié par dix.

 

Avec mon initiative parlementaire, je veux inscrire ces principes dans le Code civil afin que tous les cantons prononcent l’expulsion immédiate de l’auteur du logement commun. Ce qui mettra fin à la double peine des victimes qui ont été violentées et qui doivent en plus quitter leur foyer, souvent avec les enfants, alors que l’auteur reste tranquillement à la maison.

 

Il est temps que les victimes soient protégées de la même manière qu’elle que soient leur domicile. Temps aussi pour que Berne soutienne davantage les associations qui font un travail remarquable dans la prévention et méritent tout notre appui. Car la violence est l’affaire de tous.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR VD