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Les intérêts des victimes passent avant les intérêts des auteurs

Article paru dans 24 Heures, le 17 mai 2021

L’image idyllique d’une Suisse à l’abri d’actes terroristes relève de l’illusion. Notre pays n’est plus cet ilot de sûreté, tant envié par nos voisins. Qu’il soit de droite ou de gauche, nationaliste ou religieux, l’extrémisme gagne du terrain, y compris chez nous. Ce déferlement de violence et de menaces est le terreau idéal pour le radicalisme qui conduit souvent au terrorisme.

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC), constate que depuis 2015, la menace terroriste est élevée en Suisse. Les événements de ces derniers mois le prouvent :  en 2020, il y a eu la tragique attaque à Morges qui a coûté la vie à homme puis plus tard celle de Lugano qui a gravement blessé deux femmes. Dans l’attentat de Vienne, des liens avec des jeunes fréquentant la mosquée de Winterthour ont été établis. Un autre djihadiste vaudois a été condamné à Paris. Ces drames révèlent les limites du système actuel.

Aujourd’hui, la police ne peut pas intervenir avant qu’une infraction soit commise. Une lacune qu’il faut combler. La police doit pouvoir agir à titre préventif, via des entretiens socio-éducatifs réguliers, une interdiction de périmètre voire une assignation à résidence avant qu’un individu ne passe à l’acte et détruise la vie de nombreuses personnes. C’est l’objectif des nouvelles mesures policières (MPT), qui seront soumises au peuple, le 13 juin et qui ont déjà fait leurs preuves dans la lutte contre le hooliganisme et la violence domestique.

Ces mesures tant décriées par les référendaires ne sont ni abusives ni arbitraires. Elles ne s’appliquent que lorsqu’une personne représente une menace terroriste concrète et actuelle pour la sécurité publique. Rien à voir avec les grévistes du climat. Elles sont toujours complémentaires et subsidiaires aux mesures sociales ou thérapeutiques. Elles sont seulement ordonnées si ces dernières s’avèrent inefficaces ou n’ont pas été respectées.

Enfin des garde-fous ont été posés : les MPT peuvent être contestées par voie de recours. L’assignation à domicile ne peut être prononcée qu’à partir de 15 ans et peut être assortie de nombreux allégements pour cause de travail, de formation de santé ou de famille.  Les autorités fédérales ont eu le souci constant de trouver un équilibre entre le nécessaire renforcement des moyens de prévention et le respect des libertés individuelles.

Les droits fondamentaux et le droit international sont respectés. Ainsi la Convention des droits de l’enfant n’interdit pas des mesures policières préventives à l’égard d’un enfant ou d’un adolescent. Au contraire, elle mentionne que la protection de la sécurité nationale est un motif légitime pour restreindre leurs droits. Ce sont surtout les jeunes qui se radicalisent.

Le13 juin n’oublions pas que les intérêts des victimes passent avant ceux intérêts des auteurs.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale