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Environnement : inciter plutôt que punir

Article paru dans Le Matin Dimache, le 20 juin 2021

Les Suisses ne veulent pas d’une écologie punitive. Ils l’ont dit clairement lors de la votation sur la révision de la loi CO2.

Le message du 13 juin est sans ambiguïté. Les Suisses ne sont pas opposés à une politique climatique efficace. Ils sont parfaitement conscients de leur responsabilité envers les générations futures. Ils sont prêts à honorer les engagements que nous avons pris au niveau international. Ils en ont assez des sanctions, des interdictions, des obligations et des taxes. Ils ne veulent pas de nouvelles pressions sur leur pouvoir d’achat.

Il va donc falloir revoir notre stratégie et l’adapter aux attentes de notre population. En mettant en œuvre une écologie plus libérale, d’avantage fondée sur la responsabilité individuelle et tenant mieux compte de la dimension sociale. Et ceci sans tarder.

Car le problème est réel. Chaque jour, le changement climatique fait sentir ses effets, dans notre pays aussi. Le coût de l’inaction est élevé. C’est la raison pour laquelle la Suisse s’est engagée, dans le cadre de l’Accord de Paris, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% – par rapport au niveau de 1990 – d’ici à 2030. Le climat est un problème global et notre pays a sa part de responsabilité. Mais si l’objectif est clair, les moyens de l’atteindre ne font pas l’unanimité,

Avec une dizaine de députés PLR, j’ai dès lors déposé, une initiative parlementaire qui demande l’inscription dans la Constitution fédérale du principe de l’incitation dans le cadre de la protection de l’environnement. Pour le moment, seul le principe du pollueur payeur y figure. Nous souhaitons y ajouter la récompense pour celui qui fait des efforts. L’ajout constitutionnel repose sur le système de bonus-malus, c’est-à-dire que celui qui pollue moins en retire un bénéfice et celui qui pollue plus, paie plus.

Privilégions les incitations économiques là où elles sont efficaces, pour qu’elles soient des déclencheurs de mesures qui ont un réel impact. Prenons l’exemple du secteur du bâtiment. Le parc immobilier suisse génère 24% des émissions de CO2 et représente 45% de la consommation énergétique du pays. Le potentiel offert par l’assainissement est énorme. Il faut donc rendre ce domaine encore plus attractif, en récompensant les propriétaires qui font des efforts pour assainir leur bâtiment. C’est bon pour le climat et pour le porte-monnaie.

L’incitation pourrait notamment prendre la forme de déductions fiscales. L’idée s’est jusqu’ici toujours heurtée aux ministres des finances. Je souhaite que le peuple puisse se prononcer sur cette question. Notre initiative parlementaire, si elle est acceptée par les Chambres, ouvrira la voie vers un verdict du souverain.

Le virage vers une écologie plus libérale et moins punitive correspond aux valeurs de notre pays. Il a le grand avantage de concilier écologie et économie. Au pays de l’innovation, c’est une plus-value certaine. D’autant plus que nos entreprises, petites et grandes, ont démontré une fois de plus, pendant cette période de covid, leur capacité de rebondir et de s’adapter aux changements, malgré les difficultés. Elles sont capables de transformer les crises en opportunités, si on les soutient plutôt que de les restreindre.

Un consensus sera nécessaire si nous voulons relever avec succès le défi climatique. Il doit se construire avec tous les acteurs concernés, économiques et environnementaux, en associant villes et campagnes. Notre pays dispose de nombreux instruments, que ce soit au niveau fédéral, cantonal ou communal, aussi bien dans les domaines de l’énergie, de la mobilité, des transports que de l’agriculture. Réunissons ces forces, utilisons ces outils. La Suisse a de belles ambitions à faire valoir.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR