L’imposition individuelle renforce la famille
Article paru dans le Matin Dimanche le 11.09.2022Le mariage coûte cher. Pas tant à cause des festivités ou du voyage de noces qu’à cause du système de taxation fiscal. Si vous êtes marié, vous payez plus d’impôts au niveau fédéral que si vous vivez en concubinage. Beaucoup plus.
En Suisse, l’imposition individuelle ne s’applique qu’aux célibataires et aux couples non mariés. Par contre, les couples mariés et les couples de même sexe vivant en partenariat enregistré sont imposés conjointement sur le plan fédéral. Leurs revenus sont additionnés. En raison de la progression, il en résulte un taux d’imposition plus important. Autre fait choquant : dans neuf familles sur dix, cette taxation pénalise le salaire de la femme.
La situation est encore aggravée si les enfants doivent être gardés pendant les heures de travail. Les familles sont alors doublement sanctionnées : les frais de garde et les impôts prennent l’ascenseur. Conséquence : les familles se retrouvent avec moins d’argent alors qu’elles travaillent davantage. C’est injuste.
Surtout que la société a évolué et se caractérise aujourd’hui par sa diversité. La famille a passé de la répartition traditionnelle des rôles à une participation accrue des femmes au marché du travail et à une implication plus grande des hommes dans leur famille. Il est donc temps que la Suisse adopte un système fiscal qui corresponde aux réalités sociales de notre pays. Et le changement passe par une imposition individuelle indépendante de l’état-civil comme le propose l’initiative populaire des femmes libérales radicales.
Aucun changement ne fait l’unanimité. Cette initiative a des adversaires qui craignent que cette nouvelle méthode fragilise notre politique familiale. Qu’ils soient rassurés : le nouveau système vise à contribuer à l’égalité au sein de la famille et faire en sorte que tous les modes de vie soient traités de la même manière au niveau du droit fiscal. Question d’équité.
Avec ce nouveau régime, les intérêts de la famille sont renforcés. L’imposition individuelle permet de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Les femmes qui ne souhaitent pas travailler ne seront pas défavorisées. Les déductions fiscales pour les frais de garde ainsi que les aides pour les crèches et l’accueil de jour des enfants ne sont pas supprimés.
Si l’imposition individuelle apporte plus de justice, elle met aussi en place de bonnes incitations fiscales. Elle permet aux femmes de mieux intégrer (ou de réintégrer) le marché du travail et d’augmenter leur taux d’activité si elles le désirent. Les entreprises pourront ainsi disposer de main-d’œuvre supplémentaire. Il n’est pas raisonnable que l’économie soit privée de personnel féminin qualifié alors qu’elle peine à recruter,
Le nouveau régime fiscal aura également des effets positifs sur les assurances sociales. Les femmes pourront enfin se constituer une retraite suffisante personnelle. On oublie souvent que les personnes qui réduisent ou abandonnent leurs activités professionnelles pendant la période consacrée aux enfants, cotisent moins à la prévoyance professionnelle. A la retraite, elles sont donc davantage dépendantes des prestations complémentaires.
Grâce à ’imposition individuelle, les femmes et les hommes pourront choisir leur forme de cohabitation et leur taux d’activités sans se préoccuper des conséquences fiscales. Les familles ne paieront pas plus d’impôts, le contexte social des contribuables étant pris en compte de manière plus précise qu’aujourd’hui. C’est un investissement en leur faveur.
L’initiative populaire des femmes radicales a été déposée ce vendredi à la Chancellerie fédérale. Les Suisses auront donc la possibilité de se prononcer sur l’imposition individuelle. C’est l’occasion d’abolir un système fiscal ancestral et patriarcal, au profit d’une méthode équitable et moderne, qui met tous les modes de vie sur pied d’égalité. La famille s’en trouvera renforcée.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR