Ne sabordons pas l’assainissement énergétique des bâtiments
Article paru dans 24 Heures le 29.11.2024Le village grison de Brienz menacé à nouveau par un éboulement. La région de Valence submergée par des inondations meurtrières. Ces événements dramatiques montrent que la lutte contre les dérèglements climatiques est plus que jamais une priorité. Toutes les mesures favorisant un monde plus durable doivent être encouragées. S’aborder le Programme Bâtiments comme le prévoit le paquet d’économie de la Confédération, est une très mauvaise idée. Car c’est ce programme qui permet depuis des années une diminution considérable des émissions des CO 2 dans notre parc immobilier.
Le Programme Bâtiments, cofinancé depuis 2010 par la Confédération et les cantons, soutient l’assainissement énergétique des bâtiments par le biais de subventions. Une formidable opportunité. Je l’ai constaté quand j’étais en charge de l’énergie au Conseil d’Etat vaudois. Nous avons misé à fond sur ce programme, car il déploie ses effets là où le potentiel d’amélioration est le plus grand.
En effet, les bâtiments en Suisse génèrent près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et consomment plus de 40 % de l’énergie. Grâce à ce programme, notre parc immobilier a pu réduire chaque année, depuis 2011, sa consommation énergétique de 3,8 milliards de kWh et ses émissions de CO2 de 1’064’000 tonnes. Un progrès indéniable pour la protection de l’environnement mais aussi pour notre qualité de vie, grâce à une meilleure isolation.
L’assainissement des bâtiments est également une opération gagnante pour notre économie, en particulier nos PME. En intervenant de manière efficace sur un immeuble, il est possible à la fois de baisser la quantité de chaleur nécessaire et les émissions de CO2. Les propriétaires et les locataires réalisent ainsi des économies sur les frais de chauffage, la valeur de l’habitation augmente et l’on contribue activement à la protection du climat.
Le retour sur investissement est remarquable : pour chaque franc de subvention versé, cinq à six autres francs reviennent à l’économie. Rien que dans le canton de Vaud, les quelque 60 millions alloués l’année passée devraient générer plus de 300 millions de retombées dans les secteurs de la construction, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Ce qui est loin d’être négligeable.
Il serait contre-productif de couper dans les subventions du Programme Bâtiment. Car il reste encore un long chemin à parcourir pour que la Suisse dispose d’un parc immobilier climatiquement neutre. Certes, la Confédération doit se serrer la ceinture. Mais les priorités doivent être fixées de manière judicieuse.
Saborder le Programme Bâtiment serait mettre en danger un pilier important de la transition énergétique décidée par le peuple. Si la production d’énergies renouvelables est sur la bonne voie, les économies d’énergie sont toutes aussi indispensables.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale