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Rendons la vie difficile aux pilleurs de bancomat

Article paru dans 24 Heures le 18.12.2024

Le scénario pourrait être la trame d’un roman policier. Une nuit de décembre, trois individus vêtus d’habits sombres, cagoulés, des gants dans leurs poches, passent la frontière franco-suisse à bord d’une voiture de location avec des plaques étrangères. Soudain, une patrouille surgit. Les trois hommes n’ont ni papiers ni téléphone sur eux. Leur véhicule est fouillé. Et surprise, les policiers trouvent des outils et des explosifs cachés sous la roue de secours.

En réponse aux questions des forces de l’ordre, les occupants du véhicule racontent qu’ils logent de l’autre côté de la frontière dans un hôtel et qu’ils sont en vacances. Ils ne sont que de passage dans notre pays. Et ils se sont équipés de cagoules et de gants car il fait froid. Ils n’ont aucune idée qui a caché des outils et des explosifs dans le coffre de leur voiture. Ils n’ont fait que la louer.

Malgré les indices, les policiers suisses n’ont pas d’autre choix que de les laisser repartir. En l’état et malgré les questions restées sans réponse, aucun élément ne peut être retenu à l’encontre des trois individus. Comment prouver leurs véritables intentions ?

Rien ne permet en effet à ce stade de l’investigation aux autorités de poursuite pénale de retenir une tentative de vol à l’explosif, sur un bancomat par exemple. Car pour les appréhender, il faudrait qu’ils soient interpellés en tenue de cambriolage devant l’appareil et s’apprêtent à y introduire des explosifs. Ce qui constituerait une prise de risque à la fois pour les citoyens habitant dans les environs de la potentielle explosion et pour les forces de police qui doivent attendre le moment du passage à l’acte pour intervenir.

Cette histoire ne relève pas de la fiction. C’est la réalité. La police fédérale et les polices cantonales constatent que notre pays est devenu la cible de groupes criminels étrangers qui braquent nos bancomats en agissant depuis l’autre côté de la frontière. En 2024, près de 20 attaques ont été enregistrées, notamment dans le nord-ouest de la Suisse et sur le Plateau, dans des régions proches de la frontière.

Face à ces actes criminels, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous devons donner à nos autorités les moyens d’intervenir. Aussi je propose de modifier notre Code pénal pour que la dissimulation d’explosifs ou de gaz toxiques ainsi que leur fabrication et leur transport soient punissables. Il s’agit de compléter la liste des infractions pour lesquelles les actes préparatoires peuvent être poursuivis.

Avec cette modification, une poursuite pénale pourrait alors être ouverte contre nos trois individus pour des actes préparatoires délictueux. Ils pourraient être mis en détention provisoire. Ce qui permettrait d’éclaircir et d’approfondir les faits et de chercher d’autres éléments de preuve.

Ne laissons pas les criminels jouer avec nos frontières. Rendons-leur la vie difficile.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale