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Pénurie d’énergie : le tourisme suisse veut agir plutôt que subir

Article paru dans le Confédéré le 03.09.2022

La pandémie a frappé de plein fouet le tourisme. Elle a eu de graves conséquences sur ses activités, entraînant la faillite de nombreux établissements, vidant les hôtels et les restaurants et mettant au chômage beaucoup de personnes. Le secteur a fait front en se réinventant. Mais, même si les derniers chiffres montrent que la situation s’améliore, la sortie de crise n’est pas encore terminée. Or voilà que la branche touristique est aujourd’hui confrontée à de nouvelles difficultés : manque de personnel qualifié, cherté du franc, inflation, hausse des taux d’intérêt et pénurie d’énergie. Elle va avoir besoin de la même résilience pour affronter ces défis.

Une menace pèse particulièrement sur notre tourisme : c’est la pénurie d’énergie cet hiver. Tous les signaux sont au rouge. L’échec de l’accord-cadre avec l’Union européenne, suivi par le rejet de la loi sur le CO2 ont mis à mal la sécurité de notre approvisionnement énergétique. Un pas supplémentaire a été franchi avec la crise géopolitique actuelle, alors que la demande augmente.

La Suisse importe en hiver du courant de l’Allemagne et de la France. La guerre en Ukraine a poussé notre voisin allemand à revoir sa stratégie énergétique car il dépend du gaz russe et du bon vouloir de Poutine. Quant aux capacités du parc nucléaire français, elles sont actuellement réduites de moitié en raison de problèmes de corrosion. La météo aura aussi une influence sur notre approvisionnement.

Selon les prévisions, il devrait manquer cet hiver à la Suisse environ 15% de livraison de gaz et jusqu’à 10% d’électricité. Il faut donc se préparer. Car il vaut mieux agir que subir. C’est ce que fait la Fédération suisse du tourisme : elle a lancé un appel à tous les milieux concernés afin qu’ils définissent et instaurent des mesures d’économie d’énergie. Car la branche ne peut pas se permettre des coupures d’électricité durant les mois d’hiver.

Le tourisme d’hiver n’est pas un luxe. Il contribue au développement des régions de montagne, créée des emplois et de la richesse. Il joue un rôle central dans notre économie. De nouvelles restrictions d’exploitation, frappant les hôtels, les restaurants, les remontées mécaniques auraient de lourdes conséquences,

La préoccupation de la Fédération suisse du tourisme n’est pas de susciter un vent de panique mais d’anticiper. Surtout que des solutions existent. Les remontées mécaniques se disent par exemple prêtes à réduire leur consommation comme l’ont annoncé plusieurs acteurs valaisans d’importance. Parmi les pistes envisagées : extinction des consommateurs d’énergie superflus ou cosmétiques, des chauffages d’appoint, certains escalators ou ascenseurs. Ou encore diminuer la vitesse des installations.

Quant à l’hôtellerie et à la restauration, elles pourront elles aussi faire la chasse au gaspillage. Chaque mesure devra être évaluée à la lumière des répercussions sur la clientèle, sur l’ensemble de la chaîne touristique.

Le tourisme n’est pas le problème, mais il fait partie de la solution. Le secteur est prêt à prendre ses responsabilités. Aussi il poursuit un dialogue constructif avec les institutions concernées afin que les décisions politiques ne pénalisent pas encore plus une branche qui a déjà assez souffert.

Mais les mesures d’économie sont aussi une opportunité pour les activités touristiques. Car elles s’inscrivent dans la volonté de la branche de ménager nos ressources et d’atteindre les objectifs de durabilité qu’elle s’est fixée : mettre en place un tourisme responsable, innovant, rentable qui participe aux efforts vers une transition écologique,

Contrairement à la pandémie, nous pouvons aujourd’hui prévoir et agir. Utilisons les mois qui nous restent pour mettre en œuvre une stratégie qui contribuera à surmonter la pénurie d’énergie. Chaque KWH économisé nous sera précieux cet hiver.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR VD

Membre du comité de la Fédération suisse du tourisme