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Quel développement voulons-nous ?

Article paru dans Le Matin Dimanche, le 5 avril 2020

Chaque crise, qu’elle soit sanitaire ou économique, nous montre quelles sont nos forces et nos faiblesses. Une sorte de miroir. La pandémie qui frappe aujourd’hui notre pays n’échappe pas à cette réalité. Elle dévoile à la fois les lacunes, les lenteurs de notre société mais aussi le génie des Suisses à se réinventer et leur solidarité à l’égard des plus vulnérables. Elle nous contraint à nous interroger sur l’essentiel : quel développement voulons-nous ? Une meilleure qualité de vie ou la croissance ? Il n’est pas tant question de les opposer mais de les concilier.

Aujourd’hui, la priorité de nos autorités est de contrôler la crise sanitaire et de garantir la résilience de notre économie. Le Conseil fédéral s’y emploie en prenant des mesures fortes mais justifiées. Il faut maintenant préparer l’après coronavirus. La Suisse se trouve à la croisée des chemins. Elle va devoir faire des choix.

Soit notre pays poursuit sa croissance, sans se remettre en question ou il met en place un modèle de développement plus durable. Cette option apparaît résolument plus responsable et démontre une volonté de tirer les enseignements de ce qui se passe aujourd’hui. Il ne s’agit pas de bannir la mondialisation ou de prôner une décroissance contrainte mais de travailler à une croissance plus nuancée que celle que nous avons connu jusqu’à présent.

Notre économie vit des échanges multilatéraux. Notre industrie d’exportation est un des piliers de notre croissance. Nous avons besoin des autres pour garantir notre prospérité et pour progresser, comme en témoigne notamment le secteur de la recherche. La mise en réseaux des connaissances est essentielle pour trouver, par exemple, un vaccin au coronavirus. Mais la crise actuelle révèle aussi notre dépendance à l’égard des autres Etats en particulier dans le domaine médical. Pensez aux respirateurs, masques, médicaments, etc.

Une situation qui a mis la Suisse sous pression, d’où la nécessité de réfléchir à de nouveaux modèles d’affaires davantage axés sur la proximité et sur la réorganisation des chaînes de productions, afin de les ancrer au niveau local. Une stratégie qui préserve à la fois nos PME, cruellement éprouvées par le coronavirus et nos ressources. Une manière pragmatique de contribuer au renforcement du développement durable.

La durabilité passe par l’innovation. Nous avons besoin davantage d’investissements dans les nouvelles technologies. Le télétravail, la digitalisation ont démontré ces dernières semaines leur grand potentiel. Quant aux énergies renouvelables, elles apparaissent plus que jamais comme des alternatives crédibles face aux énergies fossiles. Ce sont des opportunités à saisir, tant elles représentent une plus-value pour l’économie.

Car l’innovation et la durabilité permettent non seulement à l’économie d’être à la pointe du progrès mais aussi de maintenir l’emploi et de créer des postes de travail. La Suisse a besoin d’entreprises performantes qui assurent notre bien-être social. Si nous réalisons les bons choix, nos entreprises peuvent ressortir plus fortes de la crise, tout en faisant cohabiter économie et développement durable.

Le coronavirus nous a montré que nous sommes vulnérables mais aussi que nous savons rester debout, solidaires et assumer nos responsabilités. Inspirons-nous de ces valeurs pour donner à notre économie un nouveau souffle qui nous permette de vivre dans un monde plus durable. Ce modèle de croissance se fera avec les entreprises et non pas contre elles.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR