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Retraites : au diktat de la rue opposons la force du compromis

Article paru dans le journal des Arts et métiers, le 7 février 2020

Aujourd’hui, l’âge de la retraite déchire la France. Depuis le 5 décembre dernier, notre voisin est paralysé par les grèves. Le pays vit au ralenti.  Les pertes se chiffrent à plus d’un milliard de francs. La rue et les syndicats dictent leur loi dans l’Hexagone. Un scénario que nous ne voulons pas voir se propager dans notre pays.

Certes, la Suisse n’est pas la France. Nous avons jusqu’à présent échappé au diktat de la rue. Nous ne connaissons ni les gilets jaunes, ni les grèves à répétition. Car nous avons la sagesse de privilégier la culture du compromis. Une manière d’agir qui est dans notre ADN et qui assure depuis des années notre prospérité. Pourtant nous devons rester vigilants. Les Suisses sont aujourd’hui très préoccupés par leur retraite. Ils craignent de voir baisser leurs rentes dans un proche avenir. Plusieurs études leur donnent malheureusement raison.

Les baby boomer vont partir à la retraite. Selon une étude du Crédit suisse, ils seront un million d’ici 2030 à quitter le monde du travail. D’autres statistiques, tout aussi préoccupantes, révèlent qu’en 1990, il y avait quatre actifs pour un rentier. En 2020, trois actifs pour un rentier. Et en 2030, il n’y aura plus que deux actifs pour deux rentiers. Ces chiffres implacables montrent que le vieillissement de la population devient l’une des plus importantes transformations sociales du XXIème siècle, avec des répercussions dans presque tous les secteurs de la société, notamment dans le monde du travail.

La Suisse n’a plus d’autre choix que d’assurer le financement de nos retraites sur le long terme. Rappelons-nous qu’il faudra économiser 26 milliards d’ici 2030. L’heure est aux solutions si nous voulons éviter les conflits à l’image de ceux qui ravagent la France. Nous avons assez tergiversé. Depuis 20 ans, nous sommes dans l’impasse. Cela suffit. La droite doit être à la manœuvre et reprendre la main sur ce dossier.

Les jeunes PLR proposent par exemple, par le biais de leur initiative, de relever progressivement jusqu’en 2032 l’âge de la retraite à 66 ans pour tous et ensuite de le lier à l’espérance de vie. Un projet ambitieux qui démontre qu’à droite, la jeunesse préfère la réflexion à la contestation. Elle n’occupe pas les banques, elle avance des propositions. Et les jeunes du camp rose vert n’ont pas le monopole des idées.

L’initiative des jeunes PLR a le mérite de relancer le débat, en ce début de législature. Certes, le relèvement de l’âge de la retraite n’est pas une mesure populaire et exige un courage politique certain. Mais la responsabilité a toujours fait partie des valeurs de la droite. Aujourd’hui plus que jamais nous devons briser les sujets tabous comme la hausse de l’âge de la retraite. D’autant plus qu’il en va de la pérennité de notre système de prévoyance vieillesse.

L’augmentation de l’âge de la retraite ne doit plus être un frein pour avancer. Des aménagements devront être négociés. La pénibilité devra être définie par les partenaires sociaux par le biais des conventions collectives dans tous les secteurs afin de tenir compte de leurs impératifs en matière de flexibilité et de compétitivité. La tertiarisation de l’économie devra elle aussi être prise en considération.

Par ailleurs, si nous voulons augmenter l’âge de la retraite des femmes, il s’agira aussi prévoir des compensations comme l’imposition individuelle et refuser le referendum de la gauche contre la réforme des déductions fiscales pour les frais de garde. Des mesures qui respectent le principe de l’égalité tout en favorisant l’accès des femmes sur le marché du travail.

Contrairement à la France, la Suisse a l’art de cultiver le consensus. Au diktat de la rue, nous opposons la force du compromis. Prouvons-le une fois encore sur la question des retraites en apportant des solutions qui adapteront le système à la réalité financière et qui permettront de respecter le contrat inter générationnel voulu par les pères fondateurs de l’AVS.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale