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Tourisme : Tirons les leçons de la pandémie

Article paru dans Le Confédéré, le 22 octobre 2021

Le tourisme suisse a un besoin urgent de soutien et d’un nouveau souffle. La pandémie a plongé nos restaurants, nos hôtels, nos remontées mécaniques et bien d’autres activités touristiques dans de grandes difficultés financières. Les acteurs de la branche sont encore et toujours confrontés à des dettes et l’accès au crédit demeure compliqué. Dans toute la branche, les chiffres restent mauvais. Le premier semestre 2021 a été marqué par une baisse de 40% des nuitées hôtelières, par rapport à 2019. Celles des visiteurs étrangers ont même chuté de 78%, avec des différences significatives entre villes, montagnes et campagne.  Quant à la météo, elle n’a pas arrangé les choses cette année.

La Fédération suisse du tourisme a fait appel au Conseil fédéral, qui a débloqué 60 millions. SwissTourisme obtiendra 30 millions de francs supplémentaires en 2022 et 2023. Cette somme devra servir à reconquérir les visiteurs étrangers, absents depuis le début de la crise, renforcer le développement touristique durable, revitaliser le tourisme d’affaires et le tourisme urbain ainsi qu’alléger la charge pesant sur les partenaires touristiques. Vingt autres millions permettront de renforcer le marketing. Le reste permettra de soulager financièrement des partenaires de Suisse Tourisme, comme les régions, les destinations touristiques, les remontées mécaniques ou les associations. Le Parlement doit encore donner son feu vert en décembre.

Ce plan de relance, axé sur la promotion de la demande et de l’innovation est très attendu. Mais il ne suffira pas : les capacités d’investissement ne sont toujours pas garanties et la pandémie n’est pas terminée.  Le Conseil national aurait pu remédier à cette lacune. Une majorité a malheureusement rejeté, en septembre, une motion qui exigeait un programme d’impulsion temporaire pour l’ensemble du secteur touristique. Il a par contre approuvé une motion Cottier, qui reprend l’esprit du programme d’impulsion mais en mettant l’accent sur l’innovation et le numérique. Enfin, les deux Chambres ont dit oui à une troisième motion qui demande au Conseil fédéral de créer un programme temporaire de financement spécial pour la rénovation des installations d’hébergement dans la région alpine, ouvrant la porte aux rénovations énergétiques des bâtiments.

Toutes ces décisions vont dans la bonne direction et montrent l’intérêt du Parlement pour un secteur qui continue à se battre. Mais nous devons soutenir davantage notre tourisme, notamment par des mesures d’investissement, pour assurer la qualité de nos infrastructures, la solidité de nos entreprises et donc de notre compétitivité. Nous reviendrons à la charge avec de nouvelles propositions pendant la session d’hiver.

La branche touristique a besoin d’aides financières mais aussi d’un nouveau souffle. Il devient indispensable de repenser le développement de nos activités touristiques, afin de retrouver une croissance plus nuancée, plus qualitative. Le réchauffement climatique a rappelé à nos concitoyens qu’en été on est mieux en montagne qu’au bord de la mer.

Trouver un meilleur équilibre entre la préservation des écosystèmes touristiques et les réalités économiques. C’est une des missions que s’est donnée la Fédération suisse du tourisme, en décidant de faire de la durabilité une de ses priorités.

Le développement durable a en effet le grand avantage de répondre aux besoins du présent sans compromettre l’avenir des générations futures. Un principe que l’organisation faîtière du tourisme a ancré dans sa stratégie. Ses mesures se concentreront aussi bien sur les clients, les employés et les employeurs que sur les fournisseurs. Les efforts porteront par exemple sur des systèmes d’incitation nationaux, comme les énergies renouvelables ou encore la promotion de la construction durable dans l’hôtellerie.

Pour rendre sa stratégie la plus efficace possible, la Fédération suisse du tourisme va créer un centre de compétences pour la durabilité. Les acteurs de l’industrie du tourisme ont répondu favorablement à une telle structure. Sa priorité est de faire du tourisme suisse un leader en matière de durabilité et à atteindre ainsi les objectifs de développement durable définis par l’ONU et l’Agenda 2030. Ce centre de compétences favorisera les échanges d’expériences et améliorera la communication entre les partenaires de la branche. Le cap est donné.

Aujourd’hui, le monde politique et la Fédération suisse du tourisme tirent les leçons de la pandémie et prennent leurs responsabilités. Ils s’engagent pour un tourisme toujours plus responsable, durable et innovant, transformant ainsi la crise en opportunité. Car si nous voulons que le tourisme suisse joue son rôle dans les transitions profondes de notre société, nous devons trouver des solutions qui permettent d’affronter les défis de demain. Ce sera un plus pour le Valais et pour toutes les autres régions touristiques de notre magnifique pays.

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR vaudoise
Membre du Comité directeur de la Fédération suisse du Tourisme