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Une alternative efficace à l’initiative des glaciers, sans taxes ni interdictions

Article paru dans 24 Heures, le 01.06.2022

Chaque jour révèle notre fragilité face aux dérèglements climatiques qui se multiplient et s’intensifient. En Suisse aussi. La population en est parfaitement consciente et attend des actes.

Comme ancienne ministre vaudoise de l’environnement, j’ai organisé en 2018 les premières Assises du climat en Suisse. Cette problématique n’intéressait pas grand monde à l’époque. Peu de temps après, une certaine Greta a réveillé les consciences. Il était temps.

Notre pays doit lui aussi se munir d’objectifs concrets s’il veut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et respecter ses engagements internationaux. Le contre-projet indirect à l’initiative populaire des glaciers, élaboré par la commission de l’environnement du Conseil National est un bon moyen pour y parvenir.

Le contre-projet indirect, qui sera discuté ces prochains jours au National, est un compromis efficace et équilibré. Il vise zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050, comme le demande l’initiative des glaciers. Cette exigence sera inscrite dans la loi et non pas dans la Constitution : ce qui permettra d’aller plus vite.

Les secteurs du bâtiment et des transports ne devront plus émettre de CO2 et celui de l’industrie diminuer ses émissions de 90%. Les émissions restantes seront compensées. La Confédération et les cantons montreront l’exemple en abaissant leurs émissions de 75% par rapport à 1990 d’ici 2040.

Contrairement à l’initiative, il n’est par contre pas question d’interdire les carburants et combustibles fossiles. Les mesures envisagées doivent en outre être économiquement supportables et tenir compte des besoins des régions périphériques et des régions de montagne, souvent mal desservies par les transports publics.

Autre élément positif : le contre-projet indirect ne contient aucune taxe mais uniquement des incitatifs financiers. La Confédération financera un programme pendant 10 ans, à hauteur de 200 millions par année pour remplacer les installations de chauffage à combustible fossile et les chauffages électriques. Elle accordera aussi des cautionnements pour l’assainissement énergétique des bâtiments. Et Berne encouragera la neutralité climatique des entreprises en leur versant jusqu’à 1.2 milliards sur six ans. Des avantages indéniables.

La guerre en Ukraine nous a brutalement rappelé l’importance du défi climatique mais aussi notre dépendance aux énergies fossiles. La sécurité de l’approvisionnement, qu’il soit énergétique ou alimentaire, sera une de nos préoccupations majeures dans les mois à venir.

Nous avons donc plus que jamais besoin d’un engagement fort qui se traduit par des décisions fermes. Avec le contre-projet indirect, nous avons l’occasion d’affirmer notre détermination. Car iI représente une alternative efficace mais économiquement supportable à l’initiative populaire des glaciers.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale

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