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Attaques du loup : des mesures avant que la situation dégénère

Article paru dans Le Confédéré, le 24 septembre 2021

Le loup est de retour dans notre pays et bien décidé à vouloir s’installer durablement. Les meutes commencent à poser de graves problèmes, en particulier les louvetaux. Cet été, à Hérémence, ce sont 35 ovins qui ont été les victimes du grand prédateur. Le Jura vaudois a lui été frappé par des attaques du loup sur des bovins. Huit jeunes bovins ont été ainsi tués au Marchairuz en l’espace d’un mois. Les cantons des Grisons n’est pas non plus épargné. L’inquiétude grandit dans les alpages et dans les exploitations à l’année

La situation actuelle est préoccupante. La répétition de ces attaques montre que la meute s’habitue à attaquer du bétail et d’autres espèces d’animaux que les moutons et les chèvres. Aucun animal domestique ni aucun animal de rente n’est désormais à l’abri d’attaques du grand prédateur. Lors de la campagne sur la révision de la loi sur la chasse, l’automne dernier, les partisans de la réforme avaient pourtant rendu attentifs au risque des attaques de loups sur d’autres espèces d’animaux de rente. Ils avaient raison.

Comment dès lors prévenir de telles attaques ?  Surtout que la pression augmente, car les incertitudes se multiplient. Le travail et la planification deviennent de plus en plus compliqués. La charge psychologique s’accroît sur les paysans. Les éleveurs dans les régions concernées ont peur de perdre des animaux. Par ailleurs, il est de plus en plus difficile pour les services cantonaux de gérer cette problématique, tant ils sont confrontés à de nombreux intervenants, aux attentes souvent contradictoires. Une thématique que je connais bien et que j’ai vu évoluer au fil des années quand j’étais conseillère d’Etat vaudoise. Pendant treize ans, j’ai été en charge de ce dossier complexe et épineux en tant que ministre de l’environnement.

Certes, les cantons du Valais et de Vaud ont reçu le feu vert de l’Office fédéral de l’environnement pour des tirs de régulation du loup avec la recommandation d’abattre deux jeunes individus, issus respectivement des meutes du Val d’Hérens et du Marchairuz. Cette mesure vise à induire un changement de comportement au sein de la meute, à la rendre plus craintive. Mais déjà les protecteurs des animaux s’interposent et rendent difficile l’exécution des mesures. La révision de la loi sur la chasse a été rejetée de justesse il y a une année. Il faut donc trouver des solutions pragmatiques pour cohabiter avec le loup, car il s’agit d’une espèce protégée.

J’ai interpellé le Conseil fédéral lors de la première semaine de cette session des Chambres sur ces attaques de bétail. Je veux savoir comment le gouvernement analyse l’évolution de la situation. Comment il évalue le fait que des bovins, et pas uniquement des chèvres et des moutons, sont désormais tués, en sachant que les mesures de protection à envisager ne sont pas les mêmes. Comment il juge que des loups isolés ou des meutes entières s’approchent de l’homme et que des rencontres dangereuses peuvent se produire. Et surtout quelles nouvelles décisions le gouvernement entend prendre suite aux modifications insuffisantes apportées à l’ordonnance sur la chasse.

Il est urgent d’agir. Sinon nous allons à nouveau assister à des confrontations entre éleveurs et partisans du canidé. Personne n’a intérêt à ce que les choses dégénèrent. Nous devons trouver des solutions pragmatiques qui permettent de cohabiter avec le loup, de le gérer, puisqu’il s’agit d’une espèce protégée. Nous devons soutenir les éleveurs mais aussi apprendre à vivre avec le grand prédateur. Car il est de retour.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR vd