Autonomie énergétique : encore un effort !
Article paru dans Le Temps le 07.04.2023L’Union européenne vient de donner un formidable coup d’accélérateur aux énergies renouvelables. L’accord trouvé entre les 27 Etats membres fixe la part d’énergies propres dans la consommation européenne à 42.5%, d’ici 2030. Un objectif contraignant mais ambitieux. La Suisse a, elle aussi, de grandes visées. Le Parlement a décidé de mettre le turbo sur l’hydroélectrique, le solaire et l’éolien. Mais rien n’est acquis. La transition énergétique, voulue par le peuple, est attaquée sur plusieurs fronts.
La guerre en Ukraine a pourtant révélé notre dépendance de l’étranger et des énergies fossiles ainsi que le coût politique et économique de cette stratégie. Notre indépendanceénergétique atteint en effet à peine 30%. En comparaison, notre autosuffisance alimentaire, souvent jugée insuffisante, s’élève à près de 60 %. La Suisse, si soucieuse de sa souveraineté, n’a pas d’autre choix que de développer ses ressources renouvelables indigènes si elle veut renforcer son autonomie énergétique.
D’autant plus que la demande va grimper en raison de l’électrification de la société et de l’augmentation de la population. Notre pays n’est pas à l’abri de pénurie. Mais il n’est pas non plus démuni. Nous avons assez d’eau, de soleil, de vent et du bois. Et la technologie pour les exploiter.
C’est ce qu’a entrepris le Parlement dans le cadre de l’examen de la loi fédérale sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Il a fait des pesées des intérêts et trouvé des compromis. Concrètement, les grandes installations hydroélectriques, photovoltaïques, éoliennes et de pompage-turbinage pourront à l’avenir être construites plus facilement. Désormais d’intérêt national, leur réalisation primera sur la protection de la nature ou du paysage.
Ces mesures constituent une base solide, indispensable à un approvisionnement énergétique sûr, durable et indigène. Certes, des améliorations peuvent encore être apportées lors de l’élimination des divergences entre les deux Chambres. Il s’agit notamment de mettre en place des solutions susceptibles de réunir une majorité sur les points encore contestés afin d’éviter qu’un référendum ne vienne bloquer les avancées. Un retour en arrière aurait des conséquences sévères sur la sécurité de notre approvisionnement.
Exercice d’équilibrisme aussi dans la bataille en faveur de l’éolien, source d’énergie mal-aimée mais indispensable. Le National a adopté une loi urgente pour accélérer la construction d’une dizaine de parcs éoliens. Le texte prévoit que dès que le plan partiel d’affectation est approuvé, les opposants ne pourront plus recourir jusqu’au Tribunal fédéral. C’est la justice cantonale qui tranchera. La nouvelle procédure permettra de gagner trois à quatre ans. Là encore, il y a eu pesée d’intérêts afin de ne pas créer des conflits avec la biodiversité. Et des garde-fous ont été prévus pour que les droits populaires soient sauvegardés.
Ce projet, qui va être examiné par le Conseil des Etats, suscite déjà une forte résistance au niveau de certaines communes et organisations environnementales. Le référendum es déjà brandi. L’éolien est pourtant appelé à jouer un rôle important dans le mix énergétique. Il produit les deux tiers de son électricité en hiver. La force du vent est ainsi complémentaire à nos parcs photovoltaïques et à nos barrages.
Notre pays est à la traîne avec sa quarantaine de turbines. L’Autriche en a érigé1300, la Bavière 1200. L’éolien couvre 16% de la consommation d’électricité en Europe. En Suisse, c’est moins de 1%. Il serait temps de sortir de l’obstruction systématique.
La sécurité énergétique n’est plus une évidence. Et la réponse ne viendra pas à brève échéance du nucléaire même si la technologie a évolué. Car l’acceptation populaire est loin d’être acquise, les coûts restent élevés et la question des déchets n’est pas maîtrisée.
Consolidons notre indépendance et notre résilience énergétiques en adoptant nos lois. Nous avons toutes les cartes en main pour devenir le champion de l’énergie décarbonée. C’est l’industrie de demain. Ce sont les emplois de demain.
Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLRVD