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Les vins suisses snobés par les CFF

Article paru dans 24 heures le 21.06.2023

Les CFF ont-ils un problème avec les vins de chez nous ? Ils ont en tout cas une définition bien à eux de la durabilité.  Dans le cadre d’un voyage spécial, ils n’ont rien trouvé de mieux que de proposer à leurs clients de déguster exclusivement des vins étrangers. Une initiative inappropriée qui va à l’encontre des efforts visant à encourager les produits locaux et les circuits courts.

Ces derniers mois, les CFF multiplient les mécontentements. Après la grogne des Romands à propos du nouvel horaire, c’est au tour des vignerons d’être en colère. Ils voient dans la démarche de l’ex régie fédérale une concurrence inacceptable. Surtout que les vins étrangers sont largement soutenus en Suisse par un marketing intensif de plusieurs pays producteurs.

De plus, nos viticulteurs contribuent, comme les autres métiers de la terre, à l’attractivité de nos régions touristiques : du Tessin à l’Arc lémanique, en passant par les vignobles du Valais, de Neuchâtel et de Thurgovie notamment. Les CFF profitent chaque jour de ces atouts, ainsi que lors des manifestations, à l’image des caves ouvertes.

Avec leur offre, les CFF portent également un coup à la cohérence de notre action politique. Notre pays favorise une économie respectueuse de l’environnement. Elle met en œuvre de nouveaux modèles d’affaire axés sur la proximité et sur la réorganisation des chaînes de production afin de les ancrer au niveau local. Une stratégie qui est aujourd’hui malmenée par une action de nos chemins de fer fédéraux.

La durabilité est pourtant entrée dans notre quotidien. Que ce soit les milieux politiques et économique ou la société civile, ils sont de plus en plus sensibles à des modes de consommation plus responsables. Une qualité de vie qui concilie à la fois croissance et développement durable. Une vision qui ne correspond visiblement pas à la politique commerciale de nos chemins de fer fédéraux.

Difficile de trouver une raison qui justifie l’attitude des CFF. Ils sont pourtant un des principaux acteurs de la mobilité durable et participent à la réduction des émissions de CO2. Pourquoi dès lors adopter une méthode promotionnelle qui s’oppose à leurs intérêts, à leurs valeurs ? D’autant plus qu’ils bénéficient d’importantes subventions de la Confédération.  Les contribuables sont en droit d’attendre des CFF qu’ils montrent l’exemple.

Cette situation m’a amenée à interpeller le Conseil fédéral pour lui demander d’intervenir auprès des CFF afin que leur politique commerciale ne prétérite plus à l’avenir nos produits de la terre. Il en va du maintien de nombreux emplois dans nos campagnes et de la pérennité de notre patrimoine viticole, si important pour l’attractivité de nos régions.

Vivre de la terre en Suisse n’est pas facile. Nos agriculteurs et nos viticulteurs méritent plus de respect.

 

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale