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Commerçants et consommateurs pénalisés par les nouvelles cartes de débit

Article paru dans 24 Heures, le 29 juin 2021

Ces petits bouts de plastique font partie de notre quotidien. Ils sont entrés dans nos mœurs. Difficile pour la majorité d’entre nous de s’en passer, tant ils facilitent nos paiements et augmentent notre flexibilité financière. Mais les cartes de débit ont aussi des désavantages. Une face cachée qui risque à l’avenir de péjorer la santé financière des PME du commerce de détail avec des répercussions pour les consommateurs.

Dès le début de la crise du coronavirus, le Conseil fédéral a demandé à la population d’utiliser les cartes bancaires et de renoncer aux paiements en espèces pour limiter la propagation du virus. Message qui a été entendu. Selon un sondage de Comparis, le coronavirus a amené près d’un Suisse sur quatre à ne plus avoir d’argent liquide sur lui. Une opportunité en or pour les entreprises émettrices de cartes.

Les émetteurs de cartes VISA et Mastercard ont sauté sur l’occasion pour distribuer de nouvelles cartes de débit, destinées à remplacer la fameuse Maestro. Ils en ont aussi profité pour mettre en place une nouvelle méthode de calcul leur permettant de prélever au passage des commissions excessives. Un système de tarification injuste qui pénalise les petites et moyennes entreprises du commerce de détail.

Des boulangers, des pépiniéristes, des droguistes et d’autres commerçants ont vu leurs frais de transaction progresser de manière significative et sans justification. Dans l’émission ABE un bijoutier explique que la vente de deux alliances peut lui occasionner des frais de 60 francs. Les marges des petites et moyennes entreprises déjà souvent minces se sont encore rétrécies alors qu’elles ont été durement touchées par les mesures prises pour endiguer l’expansion du Covid.

De plus, il apparaît que les tarifs varient selon les secteurs et les clients. Des accords spécifiques ont été conclus avec les grands distributeurs qui ont pu ainsi obtenir des conditions plus attractives au détriment des PME. Cela s’appelle une distorsion de concurrence. Lors des dernières sessions, j’ai interpellé le Conseil fédéral afin de savoir si les tarifications des nouvelles cartes violent la législation en matière de concurrence.

Face aux pressions et au mécontentement compréhensible des commerçants, un premier pas a été fait. Des discussions ont eu lieu entre les autorités de la concurrence et les acteurs concernés. Mais l’accord n’est pas satisfaisant tant l’opacité et les traitements différenciés demeurent. Une carte de débit Visa entraîne toujours un surcoût par rapport t à la Maestro. Cette pratique est inacceptable.

Si les commerçants continuent de devoir payer des taxes abusives, ils devront majorer leur prix. Ce qui est mauvais pour le portemonnaie de Madame et Monsieur tout le monde. Berne doit donc rapidement clarifier la situation et trouver une solution qui protège à la fois le commerce de détail et les consommateurs.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR