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Pour défendre le climat, la démocratie plutôt que la guérilla

Article paru dans le Matin Dimanche le 27.11.2022

Se coller une main au bitume, bloquer les entrées d’autoroute, jeter de la peinture sur des tableaux sont devenus la nouvelle forme de protestation des activistes du climat. Or cette désobéissance civile nuit aux intérêts du climat. Ces actes de contestation ne servent pas la cause qu’ils entendent défendre. Ils ratent leur cible. Ils s’adressent avant tout à ceux qui sont déjà convaincus et non pas à ceux qui devraient l’être. Ce qui conduit à une polarisation de la société. C’est regrettable et fort dommageable.

Aujourd’hui, le réchauffement climatique fait partie de notre quotidien. Ses effets se font sentir chaque jour. Que ce soit la sécheresse de cet été, les inondations aux quatre coins du monde, la fonte de la banquise et de nos glaciers, le phénomène est bien réel et montre l’urgence climatique.

Or il ne suffit plus de crier que la « maison brûle », de culpabiliser et d’alarmer la population avec des messages de fin du monde. Le temps de l’indignation est passé. Il faut se concentrer sur les moyens permettant d’éteindre l’incendie. Non pas par la voie de la guérilla mais par celle de la démocratie. Mettre l’accélérateur sur les mesures qui sont déjà en place afin qu’elles soient plus percutantes et favoriser les nouveaux projets.

Car le changement est en marche. Nos entreprises prennent des virages audacieux.  Des collectivités publiques font des choix courageux. Le Parlement a lancé une offensive en faveur des énergies renouvelables. Il a adopté un contre-projet indirect à l’initiative des glaciers qui vise à ramener les émissions de gaz à effet de serre dans notre pays à zéro net d’ici 2050. Les Suisses ne sont pas opposés à une politique climatique efficace. Ils sont parfaitement conscients de leurs responsabilités envers les générations futures.

Certes, notre pays peut faire mieux et aller plus vite. Les efforts sont encore insuffisants. Nous devons donc les soutenir, les renforcer et les amplifier. Ainsi les énergies renouvelables doivent être davantage développées, par le biais de la simplification des procédures, des incitations économiques et de la recherche. L’efficience énergétique doit elle aussi être plus encouragée. Il est plus utile de faciliter la pose des panneaux solaires que de paralyser la circulation.

Nous avons la chance de vivre dans une démocratie qui permet de relever les défis de demain et de faire accepter les évolutions de la société tout en se conformant à la loi. Les actes de désobéissance civile n’ont aucune justification dans un système démocratique qui fonctionne. Les décisions ne se prennent pas sous la pression de mouvements qui n’observent pas les règles du jeu Utilisons les nombreux instruments démocratiques qui existent pour trouver des solutions crédibles, constructives, acceptables et supportables économiquement.

La Suisse a prouvé pendant la pandémie qu’elle est capable de rebondir dans les situations difficiles. Nous savons nous réinventer et agir rapidement. Aujourd’hui, notre pays a besoin d’un nouveau contrat social autour de l’environnement, basé sur le consensus, auquel le peuple est attaché. Une culture du compromis qui concilie aussi bien l’approvisionnement énergétique, que le climat, la biodiversité, et l’agriculture.

Les activistes du climat se trompent sur la manière de mener leur combat. Qu’ils se mobilisent et s’engagent sur les enjeux à venir comme le contre-projet à l’initiative des Alpes combattu par un référendum ou la prochaine révision de la loi sur le CO2. Ils ont fait échouer dans les urnes la première réforme qui représentait pourtant une avancée.

La désobéissance civile ne fait que diviser et polariser. Si nous voulons gagner la bataille climatique, nous devons réunir nos forces. Sortons des positions dogmatiques et de l’écologie punitive et réaffirmons notre volonté de mieux vivre ensemble, dans le respect de notre démocratie et de nos ressources naturelles.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale PLR