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Evitons la libération prématurée de terroristes

Article paru dans 24 Heures, le 11 décembre 2020

En septembre dernier à Morges, un jeune homme était poignardé à mort pour motivations terroristes. Le meurtrier présumé était sorti de prison en juillet sur la base d’une expertise psychiatrique favorable. Quelques semaines plus tard, un terroriste semait la terreur dans les rues de Vienne. Il avait lui aussi été libéré prématurément grâce à une expertise positive. Et il y a quelques jours, une Suissesse de 28 ans, pourtant suivie psychiatriquement, attaquait deux femmes à Lugano. Ces drames, et ceux qui ont endeuillé la France, montrent que le terrorisme n’a pas disparu. Et il n’épargne pas la Suisse.

Face à ceux qui veulent nous terroriser, il n’y a qu’une réponse : ne pas céder. Nos voisins français et autrichiens ont à juste titre durci leur dispositif anti-terroriste. En Suisse, le Parlement a lui aussi adapté les normes pénales à la lutte contre le terrorisme.  Ces mesures sont actuellement combattues par un référendum rose-vert. Le peuple tranchera.

Aujourd’hui, il y a toujours des personnes qui passent entre les mails du filet. Dans le cas de Morges, le Service de renseignement de la Confédération et le Ministère public fédéral avaient tous deux identifié l’agresseur comme « dangereux pour la sécurité publique ». Or c’est l’avis du psychiatre qui a prévalu. Il a estimé que des mesures ambulatoires suffisaient. On a vu le résultat.

En droit actuel, la dangerosité d’une personne à libérer de la détention provisoire n’est pas examinée de manière indépendante. Il en va de même pour le congé d’une mesure thérapeutique. La libération conditionnelle d’exécution de peine est seulement subordonnée aux conditions qu’aucun autre crime ou délit ne soit à craindre et à l’obtention d’un simple rapport de la direction de la prison. C’est insuffisant.

La loi doit poser des exigences claires afin de déterminer si la personne qui sera libérée est dangereuse ou non. Une deuxième expertise psychiatrique indépendante doit être ordonnée, comme c’est le cas lors de la libération (conditionnelle) de l’internement à vie de délinquants sexuels et violents. Les évaluations des autorités de poursuite (police, ministère public, service de renseignement) doivent également être prises en compte. Ils ne le sont pas à l’heure actuelle.

Il est important de réduire les erreurs d’appréciation pour mieux protéger la population. Je viens de déposer une motion dans ce sens au Parlement.

Qu’il soit à visées nationalistes, religieuses ou politiques, le terrorisme met en danger la liberté, la sécurité et les droits fondamentaux des citoyens. Il peut frapper n’importe qui, au hasard. La Suisse doit être prête à faire face à cette menace.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR