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Vie familiale et professionnelle : assez tergiversé !

Article paru dans le Le Matin Dimanche, le 22 novembre 2020

Les Suisses peinent toujours à trouver un équilibre entre leur vie familiale et leur vie professionnelle. Le non du peuple aux déductions fiscales pour les enfants et les frais de garde, le 27 septembre dernier, ne les a pas aidés. Cette situation pénalise fortement notre pays. Nos entreprises ont des difficultés à engager de la main d’oeuvre féminine alors qu’il existe un grand potentiel.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à terminer une formation professionnelle supérieure ou une haute école. Et les statistiques fédérales révèlent que plus de 220’000 femmes occupées à temps partiel souhaitent augmenter leur taux d’activité. Un constat qui appelle à une sortie rapide de l’impasse. Des solutions existent.

La naissance d’un enfant est une grande source de bonheur. Mais elle entraîne aussi des dépenses importantes, notamment pour la garde de l’enfant. Une facture qui plombe souvent le budget familial, ce qui incite de nombreuses mères à rester à la maison ou à réduire leur taux d’activité. Si nous voulons faciliter l’intégration ou la réintégration des femmes sur le marché du travail après leur congé maternité, il faut faire un geste en faveur des familles. De toutes les familles.

Le Parlement fédéral peut dès à présent mettre en place des mesures incitatives pour les familles en adoptant l’initiative parlementaire de la conseillère nationale Christa Markwalder. L’élue libérale radiale demande de porter à 25’000 francs la déduction fiscale pour la garde d’enfants. Ce compromis est raisonnable et adapté à la réalité sociale. J’invite la gauche, qui était dans le camp des opposants le 27 septembre, à s’y rallier. Elle a affirmé durant toute la campagne qu’elle ne contesterait pas une réduction. Que ces promesses soient rapidement tenues !

Une meilleure conciliation entre vie familiale et professionnelle passe aussi par l’introduction d’une imposition individuelle indépendante de l’état civil. Le système fiscal actuel pénalise la famille traditionnelle et fait obstacle à la participation des femmes au marché du travail. Il grève davantage le deuxième revenu d’un ménage que l’imposition individuelle. Sur cette question aussi, les choses traînent depuis 15 ans.

C’est pourquoi, le PLR a relancé ce dossier avec une motion chargeant le Conseil fédéral de soumettre au Parlement, après avoir consulté les cantons, un projet de loi prévoyant un réel changement de système, à savoir le passage de l’imposition du couple et de la famille à une imposition individuelle indépendante de l’état civil. De leur côté, les femmes libérales radicales, perdant patience, ont annoncé le lancement d’une initiative populaire afin de maintenir la pression sur le monde politique. Elles ont raison de le faire.

Il est grand temps de mettre un terme à une vieille discrimination. Il est inacceptable que les femmes soient dissuadées d’exercer l’activité professionnelle de leur choix ou d’augmenter leur taux d’occupation en raison d’une taxation ancestrale. Il n’est pas raisonnable de se passer de leurs compétences simplement parce qu’elles ont choisi le mariage. Les femmes et les hommes de ce pays doivent pouvoir choisir leur forme de cohabitation sans se préoccuper de l’administration fiscale.

En 2021, le droit de vote célèbrera ses 50 ans. Une belle occasion pour le Parlement de prouver sa détermination à mener une politique en faveur des femmes et des familles.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR vaudoise