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La désinformation est un risque pour notre démocratie

Article paru dans 24HEURES 28.03.2022

Les campagnes de désinformation sont des armes de guerre. Le conflit qui se déroule actuellement en Ukraine le montre bien. Des régimes autoritaires ou des groupes d’influence n’hésitent pas à recourir à ces méthodes, visant à déstabiliser des Etats, à perturber ou à manipuler le processus de prise de décision politique ainsi qu’à saper la confiance de la population à l’égard des institutions.

La désinformation n’a rien de nouveau en tant qu’instrument d’influence. Elle a toujours existé. Mais les nouvelles technologies, en particulier numériques, ont amplifié la portée des fausses informations. Et la Suisse n’échappe pas à ce phénomène.

Dans son rapport de politique de sécurité, le Conseil fédéral reconnaît le danger. Vu les luttes de pouvoir qui se mènent au niveau international, le risque pour la Suisse de devenir de plus en plus une cible de telles activités s’accroît. Notre pays en a déjà été victime par le passé : le laboratoire de Spiez a été visé par ce genre d’actions dans le contexte de la tentative d’assassinat de l’agent russe Skripal. Des organisations sportives internationales, des entreprises ont été touchées.

Un autre risque est que la désinformation augmente le risque de radicalisation, qui peut elle-même engendrer la violence. Les personnes radicalisées les plus susceptibles de commettre des attentats sont inspirés par la propagande. Les campagnes de désinformation menées par les djihadistes, pour prendre cet exemple, ont poussé de nombreux auteurs à passer à l’acte sans avoir eu auparavant un contact direct avec cette mouvance.

Même si le Conseil fédéral admet qu’il faudrait accorder davantage d’attention à cette problématique, il n’y a à l’heure actuelle aucune évaluation de l’ampleur de la menace ni de modèle pour sa gestion. Le gouvernement considère que la population suisse est capable de résister à ces démarches de désinformation, en raison du bon niveau de sa formation et du fait qu’elle a l’habitude de traiter les questions politiques.

Pourtant, face à l’avalanches d’informations, même les personnes les plus averties peinent parfois à distinguer le vrai du faux. Aujourd’hui, nous ne savons pas dans quelle mesure la Suisse est touchés par des activités visant à influencer l’opinion publique. Il devient urgent d’avoir un état des lieux.

Lors de la session de printemps, e Conseil national s’est saisi du dossier. Il demande au Conseil fédéral, par le biais d’un postulat, un éclairage complet des stratégies prévues en cas de problème. Nous avons besoin d’outils qui nous permettent de garantir la libre formation de l’opinion publique.

L’utilisation des fausses informations en tant qu’armes de guerre exige une réaction rapide et efficace. C’est une question de sécurité pour notre société. Protéger les processus démocratiques et les institutions contre la désinformation et ses effets est un défi de taille que nous devons relever.

 

Jacqueline de Quattro

Conseillère nationale