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Le prix de la stabilité au cœur des votations

Article paru dans le Journal des arts et métiers, le 4 septembre 2020

La Suisse vit actuellement une période agitée marquée par la peur du lendemain. L’ombre du coronavirus plane sur notre quotidien. Les interrogations se multiplient aussi bien au niveau sanitaire qu’économique. Le virus provoquera-il une deuxième vague ? Le chômage continuera-t-il d’augmenter ? Les faillites s’amplifieront-elles ‘ ? En ces temps d’incertitudes, notre pays a besoin de stabilité. Et qui dit stabilité, dit sécurité. Ce droit fondamental du citoyen est au cœur de deux des votations du 27 septembre : l’initiative « pour une immigration modérée », et l’initiative pour « l’acquisition d’avions de combat ». Des projets qui vont influencer de manière certaine notre avenir.

La crise du coronavirus a agi comme une sorte de miroir en montrant quelles étaient nos forces et nos faiblesses. Elle a dévoilé à la fois les lacunes, les lenteurs de notre société mais aussi la résilience des Suisses face au virus. La pandémie nous a surtout appris la nécessité à être prêt à affronter les menaces d’où qu’elles viennent afin de garantir notre sécurité, pierre angulaire de notre souveraineté. C’est dans cette perspective que s’inscrivent les deux initiatives.

L’initiative « Pour une immigration modérée » vise à ce que la Suisse règle de manière automne l’immigration en provenance de l’UE et mette un terme à la libre circulation des personnes. La Confédération aurait douze mois pour négocier avec Bruxelles une solution à l’amiable Si cet objectif ne pouvait pas être atteint, le gouvernement aurait l’obligation de dénoncer l’accord dans les 30 jours. La libre circulation des personnes serait alors interdite et les accords bilatéraux avec l’UE remis en cause. Un oui du peuple à ce texte fragiliserait et pénaliserait nos entreprises, en particulier les PME.

La libre circulation des personnes est en effet indispensable aux PME. Elle leur permet d’atténuer la pénurie de travailleurs qualifiés. Un mal dont elles souffrent depuis longtemps. Par ailleurs des garde-fous ont été mis en place pour limiter l’immigration et soutenir la main d’œuvre de notre pays. Le Parlement vient notamment d’accorder une prestation transitoire aux chômeurs en fin de droit de plus de 60 ans pour couvrir leurs besoins vitaux jusqu’à la retraite.

La question qui se pose aujourd’hui est : voulons-nous poursuivre la voie du bilatéralisme dans laquelle nous nous sommes engagés depuis vingt ans. Des accords qui ont permis à notre économie d’être florissante grâce à une intégration économique réussie au sein de la plus grande zone de libre-échange au monde, tout en évitant d’entrer dans l’Union européenne.

Couper les ponts avec nos voisins serait irresponsable alors que 50% de nos exportations partent vers l’UE. D’autant plus que la libre circulation des personnes n’a entraîné ni éviction ni pression salariale sur les travailleurs peu qualifiés comme le prouvent des études. Ce n’est donc ni la bonne solution ni le bon moment pour nos entreprises de se lancer dans une aventure aussi risquée. Privilégions la collaboration avec nos partenaires européens avec lesquels nous formons une communauté de destins.

Gardons-nous aussi de mettre en danger notre sécurité aérienne. Nous ne savons pas ce peut arriver durant les 30 à 40 années à venir. Le monde entier a sous-estimé les risques du coronavirus. Nous n’étions pas prêts à affronter cette crise. De même, l’armée doit être parée à toutes les éventualités : maîtriser aussi bien les cyberattaques, les pandémies, les catastrophes naturelles que de faire respecter la souveraineté aérienne de notre pays. L’émergence de nouvelles formes de guerre ne remplace en rien les anciennes menaces, mais les complète. L’armée a donc besoin de nouveaux avions de combat pour remplacer les FA18 arrivés en fin de vie. Ce projet n’est en rien disproportionné par rapport aux risques encourus.

Non, il n’existe pas d’autres alternatives moins coûteuses. Ni les avions d’entraînement légers, ni les hélicoptères ou les drones ne peuvent remplacer les avions de chasse et couvrir leur gamme de tâches, car soit ils volent trop bas, soit ils ne sont pas assez rapides. Et l’argent nécessaire à l’acquisition des nouveaux avions de combat, soit environ 6 milliards de francs, provient exclusivement du budget ordinaire de l’armée. Aucun autre budget de la Confédération n’est péjoré.

Soyons enfin lucides : les tensions internationales n’ont pas changé. Bien au contraire. Aujourd’hui le multilatéralisme a du plomb dans l’aile. Si nous dépendons de l’aide étrangère pour sécuriser l’espace aérien en temps de crise, notre neutralité sera remise en question. La Suisse ne doit en aucun cas baisser sa garde.

Au nom de la prévoyance, disons non le 27 septembre à l’initiative pour une immigration modérée et oui à la sécurité aérienne. C’est le prix de la stabilité et de la sécurité. Notre économie s’en trouvera renforcée. Et nos PME aussi.

Jacqueline de Quattro
Conseillère nationale PLR
Co-présidente de la campagne suisse pour la sécurité aérienne
Vice-présidente de la campagne suisse contre l’initiative de résiliation